The Dancer – © Jean-Philippe Polo

Nos inclinations personnelles et la nature de notre travail nous conduisent à observer plutôt qu’à simplement voir. C’est la raison pour laquelle certains d’entre nous s’adonnent régulièrement à la photographie, en parallèle à l’élaboration de plusieurs dizaines d’images par seconde sur les plateaux de tournage.

Et parce que certaines de ces photos suscitent un vif intérêt, l’Union vous propose de les découvrir lors d’une expo qui ouvre ses portes dans les studios de Post&Prod à Boulogne, le 1ᵉʳ juin.

Pour Roger Deakins, qui vient de publier une sélection de ses photos dans “Byways”, la photographie est une façon de prendre des notes visuelles : “Ce sont des croquis personnels, qui sont très différents de ce que j’accomplis comme chef opérateur”.

Il en va tout autrement pour la majorité des membres de l’Union qui partagent leurs créations avec nous dans cette expo. L’un des points communs de leurs clichés ? Un jeu de cache-cache avec le Temps, une évocation de son omniprésence, même lorsqu’un “instantané” les contraint à privilégier un instant plutôt qu’un autre.

Privés de la possibilité de saisir la transition d’un moment au suivant avec une caméra, les chefs opérateurs de l’Union en restituent l’essence à travers mille stratagèmes : ils suggèrent le mouvement, font résonner le présent avec des souvenirs lointains, explorent l’inter-saison d’une station de ski, et nombre d’entre eux vont même jusqu’à suggérer un récit à travers une seule photo, en donnant au spectateur matière à imaginer l’avant, et l’après.

La philosophie de l’exposition est bien résumée dans l’introduction du catalogue :
« Bien que spécialistes de l’image en mouvement, nous sommes aussi passionnés par la photographie, qui est au cœur de notre métier, mais également de nos préoccupations esthétiques. Figer le temps et le mouvement, se concentrer sur la composition, travailler de façon exclusivement solitaire et non en équipe : nos démarches sont multiples. Complémentaire de notre métier, notre pratique de la photographie l’interroge et l’enrichit. »

Cette exposition est une première pour l’Union. Une partie des tirages sera disponible à la vente : « Chacun a choisi ses supports : tirages encadrés, sous-verre, caisses américaines… Il y en aura pour tous les goûts. »

Les 16 membres qui exposent :

Jean-Philippe Bouyer est un explorateur fervent de la street photography, capturant le quotidien de la rue avec un petit boîtier Canon Powershot. Il manifeste un fort intérêt pour la dynamique des quartiers multiculturels, illustré ici par son travail dans le celui de Belleville à Paris.

Catherine Briault documente les stations de ski hors saison, transformées en étranges cités fantômes. Sa série expose une vacuité surprenante une fois que la neige a fondu, questionnant le modèle d’industrie touristique et l’urbanisation du territoire.

Delphine Desbrueres aime saisir la poésie de l’instant, qui peut survenir n’importe où. Sa série « mes en Ville » capte la grâce d’une lumière, l’harmonie des lignes et les hasards qui se révèlent être des rendez-vous.

Aurélien Dubois travaille en collaboration avec le réalisateur Nicolas Bary pour créer des portraits de personnalités du cinéma français. Ses photographies confrontent le réel du quotidien et la consommation du virtuel, créant une atmosphère à la fois familière et irréelle.

César Dumay-Houard plonge dans le monde du feu, capturant les instants fugaces de ceux qui osent le manier. Ses images naviguent entre l’obscurité et la lumière aveuglante, traduisant une passion brûlante pour le danger et l’exploration.

Jean-Claude Flaccomio mélange l’argentique et le numérique pour capturer les détails et l’essence de la vie en Provence. Ses photos reflètent la lenteur de la vie rurale et une évocation nostalgique de la Provence d’autrefois.

Sarah Guillaumin Haddad réassemble des souvenirs pour créer une nouvelle narration. Son travail « Pour le meilleur » explore le jeu entre mémoire et réalité, où la mémoire modifie finalement la perception de la réalité.

Michele Gurrieri documente les communautés marginalisées de Gênes à travers des portraits touchants et révélateurs. Il s’intéresse en particulier aux travailleuses du sexe trans qui ont trouvé dans ce quartier une possibilité d’exprimer librement leur identité.

Samuel Lahu s’aventure dans les rues enfumées de Toulouse, un jour de mars 2023. « L’air est lourd, chargé de colère, et la rue peu à peu s’efface. »

Thomas Lallier scrute le monde à travers son objectif depuis son adolescence. Il se concentre sur des espaces essentiellement vides, la lumière et les motifs sous toutes leurs formes, dans une approche plutôt documentaire.

Pascale Marin déclenche instinctivement, transformant des moments éphémères en photogrammes de films imaginaires. Ses clichés, capturés sur trois continents, sont comme des souvenirs figés : un motif au Sénégal, un mouvement en Équateur, et une émotion lors du tournage de « L’Indomptée » de Caroline Deruas-Peano.

Céline Pagny a documenté la vie au Niger entre 2000 et 2009, capturant en argentique à travers un objectif 50mm GO, la dualité du désert apparemment vide et les regards intenses des enfants.

Jean-Philippe Polo aime la danse, le geste, les mouvements du corps, la cinématographie et la photographie. Il cherche le mouvement dans la « staticité » de la photographie et a appris à apprécier la « quiétude » d’un plan cinématographique. Pour lui, la photographie est une expression personnelle et le cinéma une belle conversation collective.

Isabelle Razavet cherche à pousser la photographie du côté de l’abstraction, de l’épure, pour tenter d’évoquer des états d’être – et leur mise en relation.

Cassiana Sarrazin est en quête de moments vibrants inattendus, capturant des instants surprenants tels qu’un oiseau solitaire en Inde ou le clocher apparemment désagrégé de la cathédrale de Laon.

Clémence Thurninger, passionnée de cinéma et de photographie, capture l’essence de ses voyages autour du monde. Son triptyque est une invitation au rêve, utilisant un équipement spécifique pour chaque panorama.

Une expo destinée à faire date

Sarah Guillaumin Haddad, co-organisatrice de l’événement pour le groupe “Expo Photo” de l’Union, est remontée à bloc: “C’est notre première expo, un genre de test. Rassembler 16 exposants, répartir leurs œuvres dans un espace assez grand, trouver des dates qui conviennent à tous : pour moi, c’est tout nouveau, hyper intéressant, et il y aura surement des choses à peaufiner pour la prochaine. Mais c’est normal, on organise tout ça sur notre temps libre, tout en bossant comme chefs opérateurs. On donne tout pour rendre cet événement inoubliable.”

Vous êtes cordialement invités au vernissage, qui débutera à 19h30 le 1er juin.

Lien vers les détails sur Facebook

Téléchargez ici le catalogue de l’expo en PDF

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En pratique

Studios Post&Prod
88 bis, Avenue du Général Leclerc
92100 Boulogne-Billancourt
Métro Billancourt (ligne 9). On accède aux studios directement à la sortie du métro, par la cour des numéros 88, 88 b i s et 88 t e r.

Du 1ᵉʳ juin à la fin août 2023, du lundi au vendredi de 9h à 18h.

Certains exposants ont choisi de vendre leurs tirages. Les tarifs seront visibles sur une plaquette disponible sur place, mais resteront dans une fourchette de 200 à 450 € par tirage.