Depuis trois semaines, les travailleurs et travailleuses de la culture, du spectacle, de l’événementiel et du tourisme se sont soulevés avec une campagne d’occupation des lieux de culture.

Je souhaite exprimer ici mon point de vue, en étant certain que de nombreux membres de l’Union s’y reconnaitront ainsi que beaucoup de lecteurs et lectrices de ce site.

Les revendications sont claires :

  • Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance-chômage
  • Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous les travailleurs précaires, extras et saisonniers entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et des politiques patronales, ainsi qu’une baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo-entrants ou intermittents en rupture de droits
  • De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à toutes les travailleuses et travailleurs à l’emploi discontinu et autrices et auteurs aux congés maternité et maladie indemnisés
  • Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salariés de la culture
  • Des moyens pour garantir les droits sociaux – retraite, formation, médecine du travail, congés payés, etc. – dont les caisses sont mises en péril par l’arrêt des cotisations.

À l’Union des chefs opérateurs, malgré une pluralité de points de vue sur les approches, les méthodes, les enjeux de cette lutte, nous nous sentons concernés et sommes en grande majorité sensibles à ces revendications. Si l’identité justement plurielle de notre association rend compliqué un soutien affiché et collectif à une lutte, nous sommes nombreux à soutenir à titre individuel les intermittents qui occupent désormais plus de 80 lieux de spectacle en France.

Depuis le début de la crise sanitaire et en parfaite cohérence avec son attitude depuis le début du quinquennat, le Président de la République a choisi de s’enfermer dans le huis clos d’un obscur conseil de sécurité, privant de son rôle l’assemblée et méprisant plus que jamais la concertation avec les corps intermédiaires, sans parler des autres acteurs sociaux et économiques. Après l’annonce bienvenue d’une année blanche qui a été salvatrice pour un grand nombre de travailleurs et travailleuses, il a décidé, quasiment de son seul chef, de sacrifier la culture et les arts vivants en gardant ces lieux fermés depuis bientôt cinq mois, à la différence d’autres pays européens, et malgré les efforts importants et coûteux engagés par ces lieux afin de mettre en sécurité le public, et de montrer une grande rigueur dans l’application des protocoles sanitaires.

La sociabilité, l’échange, la création sont possibles sans comportements irresponsables qui propageraient le virus. Cela a été démontré mais le conseil de sécurité a décidé de l’ignorer. Il s’agit donc d’un choix politique délibéré, qui aura des coûts incommensurables en termes psychologiques, sociétaux et économiques.

Si dans notre secteur l’activité a repris partiellement, dans des conditions parfois difficiles, dans d’autres secteurs comme la musique ou le théâtre une crise sans précédents s’annonce. De très nombreux intermittents, pas seulement dans les arts vivants mais aussi parmi nos collègues techniciens et techniciennes de l’audiovisuel, risquent après le 31 août 2021 de se retrouver au RSA, sans parler de tous ceux et celles qui n’ont pas pu accéder au statut avant le premier confinement de mars 2020.

La réaction du gouvernement en la personne de la ministre de la culture Roselyne Bachelot, qui a d’abord légitimé le mouvement en se rendant au théâtre de l’Odéon, pour ensuite essayer de se rattraper en critiquant l’occupation, a été au mieux tiède, au pire méprisante. Ni nous, ni nos collègues du spectacle vivant, de l’évènementiel, de la culture, ne sommes essentiels dans le monde d’après tel que l’imagine Emmanuel Macron.

C’est pourquoi je ne peux qu’adhérer totalement à cette lutte et à ses méthodes que je qualifie d’indispensables, face à tant de surdité, en la relayant et la soutenant, à défaut de pouvoir y participer directement.

Pour vous tenir informés sur cette lutte :

https://www.occupationodeon.com/

https://www.facebook.com/OccupationOdeon

https://www.facebook.com/collectiflacultureendanger

Si vous souhaitez soutenir les grévistes, il existe une caisse de solidarité :

https://www.helloasso.com/associations/fnsac/collectes/occupationodeon

Crédit photos ©Brice Legall