Cette année le Festival accorde une place de choix à un métier encore trop confidentiel, trop peu enseigné et pourtant plus que jamais essentiel : celui d’étalonneur.
Trois événements marquants ont révélé les complicités fertiles qui unissent les chefs opérateurs aux bénédictins du pixel.
« L’étalonneur, c’est l’arme secrète du chef op » affirmait Eric Weidt lors de la cérémonie des FilmLight Colour Awards, la première du genre à récompenser exclusivement les films les mieux étalonnés cette année (*). Et il sait de quoi il parle, lui qui remporte le premier prix dans la catégorie long-métrage avec « Mank ». Il s’empressa évidemment de souligner, avec ses confrères, qu’il ne peut exercer son talent que dans le sillage du chef opérateur, dont il dépend et dont il soutient, protège et prolonge le travail.
« Il est capital pour moi de pouvoir me reposer sur le talent des autres », déclarait la cheffe opératrice Elen Lotman ESC en préambule de la table ronde IMAGO consacrée à l’étalonnage. « J’aime que chacun des membres de mon équipe soit plus compétent que moi dans son domaine d’activité. C’est vrai sur le plateau comme dans la suite d’étalonnage. »
Pas encore de formation
Le modérateur Dirk Meier BVK posait ensuite les bonnes questions et ouvrait des perspectives intéressantes, notamment celle touchant à l’absence de formations concrètes au métier d’étalonneur.
Parmi les intervenants, tous plus illustres les uns que les autres, Philippe Rousselot AFC ASC avouait ne pas se soucier outre mesure des arcanes ultracomplexes de la « Science de la Couleur ». « Les bases sont assez simples » confiait-il, « et elles le restent: la combinaison des trois couleurs primaires, une échelle de contrastes, les masques animés, il ne m’en faut pas bien plus pour échanger avec l’étalonneur. »
Il ajoute ne pas aimer fonctionner par références à des oeuvres antérieures, si ce n’est pour pointer ce qu’il ne veut pas. « Procéder par élimination plutôt que par accumulation de références, ça pousse à chercher quelque chose d’original et d’authentique, hors des sentiers battus, plutôt que d’essayer d’approcher ce qui a déjà été fait. »
Tous les panélistes sont tombés d’accord sur un point: « post production » semble signifier « après l’essentiel », et les étalonneurs sont encore loin d’être considérés au prorata du rôle qu’ils jouent dans la chaîne de création des images. Premier pas vers une solution: les impliquer très tôt dans le processus créatif, pour leur permettre de comprendre les enjeux et d’aplanir les obstacles bien avant qu’ils ne se présentent.
Fondus vertigineux
Troisième événement à Camerimage, de loin le plus « geek » : le séminaire consacré à la différence entre luminance et luminosité.
Daniele Siragusano, FilmLight Image Engineer, nous a démontré que la luminosité est une illusion, née de nos perceptions erronées, et très relatives au contexte spatial ou temporel.
Le carré central paraît plus lumineux vers la droite, alors que c’est toujours la même valeur de luminance.
De son côté, Andy Minuth, FilmLight Colourist, nous a entraînés dans une exploration passionnante des fondus (au noir, au blanc et enchaînés).
Conclusion? Il s’avère que les fondus devraient toujours être laissés aux bons soins de l’étalonneur. Une projection comparative de fondus au montage et de fondus à l’étalonnage ne laissait pas l’ombre d’un doute.
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(*) FilmLights, l’organisateur de ce prix, s’est imposé comme le leader des systèmes professionnels d’étalonnage avec Baselight. Pour autant, le FilmLight Colour Award accepte les films étalonnés sur toutes les plateformes. Sage décision que de jouer collectif et ainsi d’attirer l’attention sur toute une discipline en plein essor.
Cette année, plus de 300 films, spots pubs et séries concouraient pour les quatre prix, dont voici les gagnants:
Commercial / Music Video
Tim Masick (Company 3)
DIOR – Spring Summer 2021 Collection
https://youtu.be/PL9BqUaQQgM
Theatrical Feature
Eric Weidt
Mank
TV Series / Episodic
ex-aequo
Tony D’Amore (Picture Shop)
FARGO « East-West »
et
Damien Vandercruyssen (Harbor)
LISEY’S STORY
Innovative Use of Baselight
Gilles Granier, Fabien Napoli & Arnaud Caréo (Le Labo Paris)
MISS
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ENGLISH VERSION
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This year, the Festival is giving a special place to a profession that is still too confidential, too little taught and yet more essential than ever: the colorist.
Three outstanding events revealed the fertile complicity that unites cinematographers with the Benedictines of the pixel.
« The colorist is the DOP’s secret weapon, » said Eric Weidt at the FilmLight Colour Awards ceremony, the first of its kind to exclusively reward the best graded films this year (*). And he knows what he’s talking about, as he won the first prize in the feature film category with « Mank ». He was quick to point out, along with his colleagues, that he can only exercise his talent in the wake of the cinematographer, on whom he depends and whose work he supports, protects and extends.
« It is very important for me to be able to rely on the talent of others, » said cinematographer Elen Lotman ESC in the opening remarks of the IMAGO round table on color grading. « I like that everyone on my team is more knowledgeable than I am in their own area of expertise. This is true on set as well as in the color-grading suite. »
No specific training yet
The moderator, Dirk Meier BVK, then asked the right questions and opened up some interesting perspectives, notably the one concerning the lack of concrete professional training for colorists.
Among the speakers, all more illustrious than the others, Philippe Rousselot AFC ASC admitted not to care too much about the ultra-complex arcana of the « Science of Color ». « The basics are quite simple, » he confided, « and they remain so: the combination of the three primary colors, a scale of contrasts, animated masks, I don’t need much more to exchange with the colorist. »
He adds that he doesn’t like to operate by reference to previous works, except to point out what he doesn’t want. « Proceeding by elimination rather than by accumulating references, it pushes you to look for something original and authentic, off the beaten path, rather than trying to approach what has already been done. »
All the panelists agreed on one thing: « post production » seems to mean « after the fact, » and colorists are still far from being considered in proportion to the role they play in the image creation chain. The first step towards a solution would be to involve them early on in the creative process, so that they can understand the issues and iron out obstacles long before they arise.
Dizzying fades
Third event at Camerimage, by far the most « geeky »: the seminar dedicated to the difference between luminance and luminosity.
Daniele Siragusano, FilmLight Image Engineer, showed us that luminosity is an illusion, born from our erroneous perceptions, and very relative to the spatial or temporal context.
Andy Minuth, FilmLight Colourist, took us on a fascinating exploration of fades (to black, to white and crossfades).
The conclusion? It turns out that fades should always be left to the colorist. A comparative screening of fades in editing and fades in color grading left no doubt.
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(*) FilmLights, the organizer of this award, has established itself as the leader in professional color grading systems with Baselight. However, the FilmLight Colour Award accepts films graded on all platforms. It was a wise decision to work together and draw attention to a growing discipline.
This year, more than 300 films, commercials and series competed for the four awards:
Commercial / Music Video
Tim Masick (Company 3)
DIOR – Spring Summer 2021 Collection
https://youtu.be/PL9BqUaQQgM
Theatrical Feature
Eric Weidt
Mank
TV Series / Episodic
ex-aequo
Tony D’Amore (Picture Shop)
FARGO « East-West »
et
Damien Vandercruyssen (Harbor)
LISEY’S STORY
Innovative Use of Baselight
Gilles Granier, Fabien Napoli & Arnaud Caréo (Le Labo Paris)
MISS
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