Après une belle carrière dans le cinéma, Bruno Nuytten s’en est éloigné définitivement en 2001 pour plusieurs raisons, dont la volonté de se reconnecter avec le monde qui l’entoure après avoir trop longtemps été « enfermé » dans un monde de fiction.
En retrouvant la photographie après plus de 10 années de pause, il revient au monde du visuel, à mi-chemin entre réalité et fiction.
En 2016, il commence la création d’un journal photographique dans le cadre de son travail avec le Fresnoy, le Studio National des Arts Contemporains à Tourcoing. C’est donc au Fresnoy qu’il expose, pour la première fois, 1000 images sur une installation de 10 écrans de 55 pouces. Avec d’autres séries de photos, il poursuivra ensuite ses expositions à travers la France mais aussi en Italie, en Espagne et tout récemment en Pologne lors de Camerimage.
Cette année, au centre d’art contemporain de Toruń, Bruno Nuytten expose des photographies de personnes inconnues dans des lieux inconnus, prises avec avec son iPhone, pour la simple et bonne raison que c’est un appareil qu’il a toujours sur lui.
Les images qu’il capture font partie de ce qui attire son attention au quotidien, du réel et de ce qui lui semble familier. Il retouche toutes ses photos depuis son téléphone et par respect pour les personnes photographiées, il fait toujours en sorte qu’elles soient méconnaissables. Ainsi, tout en restant pour lui une capture de la réalité, ces images frôlent tout juste l’imaginaire.
Par de nombreuses manipulations de l’image et des distorsions du signal, il veut reproduire aussi exactement que possible le sentiment qui le submergeait lors de la prise de vues, puis le partager pour garder gravées ces émotions si éphémères. C’est principalement par le médium de la basse définition et des artefacts qu’il s’y retrouve, souhaitant davantage faire ressentir que faire comprendre.
Passé simple
De retour
Les photos exposées dégagent une énergie similaire les unes aux autres, concourant à une symbiose aussi fertile que maîtrisée : tout à la fois singulièrement différentes, elles sont aussi très semblables dans leur fond et dans leur forme.
Sous leur format vertical de 70x50cm imprimées sur du coton épais, elles révèlent des scènes plus ou moins identifiables, plutôt froides, intrigantes et parfois nostalgiques. Ne reconnaissant pas les visages, les spectateurs se les réapproprient, réinventant leur histoire avec la vague impression de les connaître depuis toujours.
JFMC
Il est parfois compliqué de cerner le contexte de ces photos : le lieu, la lumière, le moment de la journée ou le sujet restent indéterminés. Peu importe. Plus on s’enfonce dans l’exposition, plus on pénètre dans le monde recréé par Bruno Nuytten, pour enfin comprendre où il veut nous emmener.
A travers les retouches très affirmées de ses photos, Bruno Nuytten capture non seulement les scènes dont il est spectateur, mais surtout révèle et fait éclore tout leur potentiel expressif.
Site web de Bruno Nuytten ici.
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ENGLISH VERSION
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After a successful career in the cinema industry, Bruno Nuytten dropped it in 2001 for several reasons, including the desire to reconnect with the world around him, after being locked away for too long in world dedicated to fiction.
By reconnecting with photography after a more than 10 years break, he immerses himself into the visual world again, halfway between reality and fiction.
In 2016, he began assembling a photographic journal as part of his work with Le Fresnoy, the National Studio of Contemporary Arts in Tourcoing, France. It is where he exhibits for the first time, thought on installation of 1000 photographs displayed on ten 55 inch screens. He will then continue his exhibitions with other photography series across France but also in Italy, Spain, and most recently in Poland at Camerimage.
This year at the Centre of Contemporary Art in Toruń, Bruno Nuytten is exhibiting photographs of unknown people in unknown places, taken with his iPhone, purely and simply because it is a camera he always carries with him.
The pictures taken are part of the things that catch his attention on a daily basis, of reality and of what seems familiar to him. He edits all of his photographs from his phone and out of respect for the people whose pictures are taken, he aims to always make them unrecognisable. Thus, while remaining a capture of reality, it barely grazes the imaginary.
Through numerous edit handling and signal distortions, he wishes to reproduce as accurately as possible the feeling overwhelming him during the snapshot, then share it to keep these short-lived emotions engraved. He finds his way there mainly through the low definition medium and artefacts, hoping to make feel rather than to make understand.
Passé simple
De retour
The exhibited photographs give off a similar energy to one another, contributing to a fertile and mastered symbiosis, all singularly different, they are also very similar in style and content.
In their 70x50cm vertical format printed on thick cotton, they reveal more or less distinguishable scenes, rather cold, intriguing and sometimes nostalgic ones. By not recognizing the faces, the spectators reappropriate them, reinventing their life stories with the fuzzy feeling of having known them forever.
JFMC
It is sometimes quite delicate to understand these photographs’ contexts : the place, the lighting, the time of the day or the subject remain uncertain. It doesn’t matter much. The deeper we head into the exhibition, the more immersed we get in Bruno Nuytten’s recreated world, to finally get where he wants to lead us.
Through the very assertive editing of his photos, Bruno Nuytten not only captures the scene he witnesses, but above all reveals and brings out all of their expressive potential.
Bruno Nuytten’s website here.
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