« On se reposera quand on sera mort », c’était l’une de tes phrases préférées. Est-ce que tu te reposes bien maintenant ?

Pierre William, je n’ai jamais tourné avec toi, mais nous avons oeuvré ensemble à la CST. Je crois que tu étais content de l’activité du département image. Quelquefois, nous n’étions pas d’accord. Et puis, le temps donnait raison à l’un ou à l’autre. Au fil des années, nous avons noué une relation privilégiée faite d’amitié et d’estime réciproque, je dois avouer que j’en étais heureuse et fière. Tu étais pour moi, une figure paternelle rassurante mais exigeante.

C’est toi qui m’as demandé d’être jurée au Festival de Cannes pour le prix de l’Artiste Technicien de la CST. Je n’avais jamais mis les pieds sur la Croisette et pourtant j’étais dans le métier depuis plusieurs années déjà. Cette expérience de jury, la première de ma vie, fut pour moi excitante et passionnante, je te la dois.

Pierre William, certains t’appelaient Willy, d’autres Glenn, d’autres encore Le Grand, je crois que tu as récolté une certaine quantité de surnoms, le plus souvent affectueux. Parce que voilà, tu fais partie de ces êtres qui suscitent le respect et l’affection, ce n’est pas donné à tout le monde. Ce respect et cette affection, tu les dois à ton intelligence brillante, à ton talent d’homme d’image, à ton humanité. Jamais tu n’aurais laissé un ami en rade, tu aurais toujours fait tout ce qui était en ton pouvoir pour l’aider. A contrario, il ne faisait pas bon être dans le camps de tes ennemis (tu en avais forcément, la lumière attire toujours le bon et le mauvais).

Je ne verrai plus l’étincelle briller dans ton œil bleu lorsque tu es content. Tu étais élégant naturellement, je te soupçonne même d’une certaine coquetterie, discrète certes, mais bien présente. Je crois que ta mère qui a travaillé dans les grandes maisons de couture t’a transmis l’amour des belles choses. Et j’ose m’aventurer à dire que cela a sans doute contribué à ce que tu développes ton sens esthétique de l’image.

Aujourd’hui, je perds un membre de ma famille de cinéma. Le cinéma perd l’un de ses piliers. Oui, tu en étais un du haut de ton mètre quatre vingt dix, juché sur ta moto, l’oeil à la caméra, le stylo plume Mont Blanc à la main. Tu rejoins Dominique Chapuis, Jean Jacques Bouhon, je suis sûre que vous continuerez à parler d’image, de films, de cinéma tous les trois là haut.


Coup de Torchon, de Bertrand Tavernier (1981)

 

La Nuit Américaine, de François Truffaut (1973)

 

Série Noire, d’Alain Corneau (1979)

 

> À lire également:
Portrait de Pierre-William Glenn sur le site de la CST 
L’hommage de Jean-Marie Dreujou, AFC

> Photo de couverture : © J-N Ferragut