À travers une collection de portraits questions/réponses, l’Union présente les membres de l’association. Aujourd’hui Pierre Baboin.

Quand et comment t’es-tu intéressé à la prise de vue ?

Petit, lorsque je voyais « director of photography » aux génériques des films, je ne savais pas vraiment en quoi ça consistait, mais je savais que ça me plaisait !

J’ai toujours été fasciné par l’image, le pouvoir de son attraction. Le « beau » me fait du bien. J’aime l’équilibre des couleurs, des contrastes et des formes. Cependant, je suis venu assez tard à la prise de vue à proprement parler, au début des années 2000 avec l’arrivée des tout premiers appareils photo numériques. C’est là que j’ai commencé à expérimenter, essayer, bricoler… mon laboratoire était né !

Quels films t’ont particulièrement marqué visuellement, au point de t’intéresser spécifiquement au travail de l’image ?

« In the mood for love » et « 2046 »  de Wong Kar Wai, et les films de Jean-Pierre Jeunet.

Quelle a été ta formation initiale ?

IIIS Section image.


Photo N&B © Philippe Vaïsse

 

 

Quand et dans quel contexte as-tu commencé à travailler en tant que chef-opérateur ?

En 2010, lorsque la prise de vue stéréoscopique (3D) a explosé, j’étais alors assistant caméra et j’ai eu l’opportunité d’être chef-op sur un court-métrage en 3D. Puis, comme le travail du chef-opérateur fait face à des contraintes techniques et artistiques spécifiques à la 3D (que se soit au cadre ou à la lumière) j’ai été demandé (car initié dans ce domaine) et j’ai acquis une expérience de « chef-op 3D » dans des projets tels que du clip vidéo, du court-métrage, du documentaire, de la pub, captations, etc.

C’est ainsi que je me suis retrouvé propulsé jeune chef-opérateur.

Sur quels types de films as-tu travaillé et quel serait le meilleur prochain projet ?

Je travaille et j’aime travailler sur tout type de projet (clip, pub, captations, documentaire, téléfilm, long métrage, série TV, etc.). Bien que mon domaine de prédilection reste la fiction, je trouve toujours intéressant de se frotter à d’autres exercices, c’est enrichissant.

Le meilleur prochain projet ? Je vous en parlerai quand je l’aurais fini !


« Balthazar » réalisé par Vincent Jamain produit par Beaubourg Stories

 

 

Quelles sont tes sources d’inspiration artistiques ?

Le travail de Roger Deakins pour son apparente simplicité, et sa façon d’intégrer la lumière aux décors. Et les visages sont toujours impeccables !

Chivo (Emmanuel Lubezki) pour « Birdman » et « The Revenant » (de Alejandro González Iñárritu). Je trouve la structure des plans et leur composition en grand angle remarquable. Le mouvement et la chorégraphie entre le comédien et la caméra… Une grande leçon !

L’ambiance des films de Denis Villeneuve me transporte.

La peinture me nourrit également. J’aime beaucoup les peintres impressionnistes, et William Turner qui glisse vers l’abstraction plus de 50 ans avant les autres !

Te souviens-tu de gaffes regrettables, mais instructives au final ?

Pas spécialement.

As-tu connu des moments de doute sur ton travail ou ton milieu professionnel ?

J’ai toujours su que j’étais fait pour ce boulot. En revanche, il m’est arrivé de douter. Pas de mes capacités professionnelles, mais d’y arriver malgré la concurrence, la difficulté à faire son trou. Lorsque vous êtes au creux de la vague, l’attente vous fait vous poser des questions et vous remettre en cause.

Et puis ça repart toujours…


« Jonas » réalisé par Christophe Charrier produit par En Compagnie des lamas

 

 

As-tu déjà souhaité passer à la réalisation ?

Non, il y a tant de choses à explorer dans mon métier avant d’en faire le tour que je ne n’ai pas l’envie d’aller voir ailleurs, pour l’instant.

Qu’est-ce que tu aimes et qu’est-ce que tu n’aimes pas dans ton métier ?

J’aime comprendre ce que veut un réalisateur. Imaginer, créer, trouver la lumière d’un film. Être à l’écoute des décors. J’aime la semaine qui précède un gros tournage. Être sur une dolly ou dans une salle d’étalonnage. Trouver des solutions techniques. Gérer mes équipes. Oser. Essayer. Me tromper. Apprendre.

J’aime moins faire de la politique sur un plateau. Les fausses teintes. Attendre le son (je plaisante).


« Balthazar » réalisé par Vincent Jamain produit par Beauboug Stories

 

 

Quel conseil donnerais-tu à un aspirant chef-opérateur ?

De s’armer de patience ! Plus sérieusement, je crois que les compétences sont une chose, mais loin d’être suffisante pour travailler. Le réseau est primordial.

Pierre Baboin sur le site de l’Union des chefs-opérateurs

> Image de couverture: publicité « A bord de l’Orient Express » réalisé par Simon Dubreucq produit par Sisso