Lorsque j’ai pris connaissance de l’existence de l’Union des Chefs Opérateurs, j’ai eu l’impression que se présentait la possibilité d’un espace en commun, où se trouvaient potentiellement des gens qui me ressemblent, qui comme moi « voient le monde derrière un objectif », comme une amie a joliment décrit mon métier.

Comme nombre d’entre nous je vais dans les salons annuels, j’assiste à de nombreuses projections d’essais de nouvelles caméras, de nouvelles optiques, je fréquente des forums en ligne dédiés à notre activité, mais sans vraiment ressentir l’émulation de ma première soirée avec les membres de l’Union, au cours de laquelle étaient abordées simplement les préoccupations avec lesquelles je vis au quotidien, où les échanges me paraissaient plein de perspectives.

J’ai appris mon métier au crépuscule du film, à l’aube du numérique, durant cette longue transition qui nous a menés aujourd’hui à ce moment où les moyens de tournage et de post-production se sont largement démocratisés. Aujourd’hui, je pense être ce chef-opérateur autodidacte, trainant toujours certaines lacunes théoriques mais passé par les apprentissages sur le terrain et déterminé à toujours apprendre. Parce que je crois profondément que n’importe quel outil peut se révéler pertinent pour raconter des histoires en images et en sons, parce qu’il me paraît indispensable de connaître les évolutions de la chaîne de production (au sens large) sur laquelle nous intervenons, ainsi que ses divers acteurs, et parce que plus que jamais il faut paradoxalement être sélectif tout en restant ouvert au monde.
Avec le temps et toujours beaucoup de curiosité, au-delà de l’apprentissage de n’importe quelle caméra, de n’importe quelle source d’éclairage (voire de machinerie), j’ai aussi appris le montage avec différents logiciels, l’étalonnage d’une image, l’écriture de scénarios, la réalisation, et parfois la production de films essentiellement documentaires (et leur promotion). Enfin, la transmission de mes connaissances.

De par ma formation littéraire initiale, je me considère volontiers comme un technicien du récit, quelle qu’en soit la forme. C’est ce qui m’a poussé à travailler tant en documentaire qu’en fiction (de court-métrage jusqu’à présent), mais aussi sur des films corporate, des films d’artistes, de muséographie, des webdocumentaires, des captations multicaméra…
Je persiste à penser que ces expériences très diverses nourrissent intimement mon travail de chef opérateur, la richesse du dialogue technico-artistique avec mes différents interlocuteurs, et in fine la créativité qu’il m’importe d’insuffler à mes images.

L’Union représente pour moi une approche éclectique et décomplexée de notre métier tel qu’il se pratique aujourd’hui, une approche que je revendique et qui correspond au quotidien de nombre d’entre nous.
Les soirées de l’Union, le site internet et bientôt les événements avec nos partenaires sont autant d’espaces d’échange, de transmission, d’information, dont nous sommes à la fois les acteurs et les premiers intéressés: écrivons, animons, organisons!

L’association est jeune mais nous sommes expérimentés, ce sera à nous de faire de l’Union cette communauté que nous imaginons, de professionnels à la fois précis et rigoureux, mais toujours ouverts d’esprit.