Le Festival Chef-op en Lumière nous réserve de belles surprises. Cette année, la projection hors compétition de La Voix du Glacier Blanc révèle une approche novatrice du film de montagne.

Le réalisateur Charles Lavilanie y suit sept étudiants de l’IUT de Chalon-sur-Saône dans leur ascension de la Roche Furio, sur le Glacier Blanc dans le Massif des Écrins.

Leur projet se distingue par une préoccupation centrale : comment concilier aventure alpine et conscience écologique ? Pour répondre à ce défi, ils s’entourent de deux professeurs, deux guides de montagne, et d’un ancien élève de l’IUT spécialisé dans le calcul des empreintes carbone. Sa mission: mesurer et étudier précisément leur impact environnemental. Son expertise professionnelle dans ce domaine apporte une dimension scientifique au projet, permettant de quantifier concrètement l’impact de chaque décision.

La phase préparatoire pose les fondations de leur démarche éco-responsable. Premier constat : le trajet vers la montagne représente souvent la plus grande source de pollution. Leur réponse : privilégier le train puis le vélo. Ils optent également pour des équipements de seconde main ou de location, et choisissent des partenaires proposant des matériaux éco-conçus. En amont du départ, une visioconférence avec la glaciologue Heïdi Sevestre, marraine du projet, enrichit leur compréhension de l’évolution alarmante des glaciers et des enjeux du changement climatique.

Le jour du départ, la nature semble mettre leur engagement à l’épreuve : un torrent en crue, gonflé par de fortes pluies, rend la route impraticable aux véhicules. Leur choix d’une approche légère s’avère alors décisif : ils traversent l’obstacle par tyrolienne et poursuivent leur progression.

Le tournage lui-même réinvente les codes du film d’aventure. Charles Lavilanie opte pour une approche minimaliste : pas d’assistance extérieure, uniquement des déplacements à faible empreinte carbone.
Le matériel de tournage, réparti dans les sacs des apprentis alpinistes, se compose essentiellement de caméras d’action de type GoPro – le réalisateur tourne les interviews avec une FX3. Les étudiants, formés en amont à l’utilisation de ces caméras, deviennent ainsi les témoins directs de leur propre ascension. Cette proximité nous place au cœur de la cordée, partageant leurs efforts jusqu’aux derniers mètres sous la tempête de vent, jusqu’à l’émotion intense du sommet.

La miniaturisation des caméras, leur grande dynamique et l’ultra-sensibilité des capteurs ouvrent aujourd’hui de nouvelles perspectives pour le cinéma d’aventure. Ce film démontre qu’il n’est pas nécessaire d’aller toujours plus haut pour vivre et filmer une aventure sportive et humaine authentique. Ces étudiants sont les pionniers de nouveaux usages de la montagne, où l’exploit se mesure aussi à l’aune de son impact environnemental.

La Voix du Glacier Blanc esquisse des réponses en actes. Le film prouve qu’une autre approche est possible, où la légèreté technique devient force créative, où la conscience écologique nourrit le récit. Ces aventuriers réinventent non seulement leur rapport à la montagne, mais aussi notre façon de la filmer.
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Image extraite de la bande-annonce © Pictura Films