Douglas Dutton vient de remporter le prix «Emerging Talents » pour son étalonnage de la publicité « Harmonical Diffraction ».
Ce prix est distribué par Filmlight chaque année pendant le festival.
UCO : Peux-tu raconter un peu le projet que tu avais soumis au festival ?
Douglas Dutton :
Le projet que j’ai soumis au festival est une publicité pour la marque de montres Baltic. C’était un projet réalisé avec une petite équipe lors d’une seule nuit de tournage dans Paris, utilisant une caméra DSLR.
L’idée était de mettre en valeur cette marque de montres automatiques en créant un univers autour du jazz et de l’ambiance nocturne parisienne. On a intégré des éléments visuels classiques comme une vieille voiture, une esthétique parisienne rétro, et les mécanismes des montres automatiques pour créer une atmosphère intemporelle.
L’équipe créative a bénéficié d’une grande liberté de création. La marque leur faisait pleinement confiance, ce qui leur a permis de s’exprimer sans contrainte.
Quand ils m’ont approché, nous avions déjà collaboré sur plusieurs projets, et l’approche était la même : une confiance mutuelle totale, avec la liberté de créer quelque chose d’authentique et innovant.
Image étalonnée vs REC709
UCO : Le look du projet a-t-il été défini en amont avec le chef opérateur et le réalisateur, ou a-t-il été travaillé après le tournage ?
Douglas Dutton :
Le look a été principalement défini après le tournage. Cette équipe a tendance à m’envoyer les images avec parfois une idée générale ou quelques mots clés, plutôt que des références visuelles précises. J’ai carte blanche pour explorer et proposer quelque chose.
Pour ce projet, j’ai choisi d’aller vers une émulation complète du 16mm. Cela correspondait bien à l’univers classique que nous souhaitions retranscrire : les nuits parisiennes jazzy, les vieux mécanismes de montres, et une ambiance intemporelle.
Le DSLR utilisé, avec ses optiques modernes et propres, donnait une image très nette, mais manquait d’organicité. J’ai donc travaillé pour apporter un rendu plus organique, vivant et mécanique, comme celui d’une pellicule 16mm. L’équipe a adoré ce choix.
Image étalonnée vs REC709
UCO : Comment as-tu abordé l’étalonnage pour ce projet ?
Douglas Dutton :
Je voulais partir sur une émulation de pellicule, mais sans utiliser directement une LUT de type Kodak ou Fuji. Ces outils apportent souvent un look très marqué qu’il est difficile de personnaliser ensuite.
Le projet ayant été tourné principalement de nuit et en lumière naturelle, il fallait une approche subtile pour gérer les contrastes. L’acteur principal ayant une peau noire, j’ai opté pour une courbe de contraste douce afin de préserver les détails dans les ombres et les hautes lumières.
J’ai créé une palette unique pour le projet, en intégrant des noirs légèrement teintés de cyan et des hautes lumières légèrement chaudes, tout en gardant un gris neutre propre pour ne pas affecter les tons de peau. Cette approche permettait de conserver un équilibre tout en évoquant l’organicité de la pellicule.
Image étalonnée vs REC709
UCO : As-tu déjà travaillé avec des DIT qui font du pré-étalonnage sur le tournage ? Comment collabores-tu dans ces cas-là ?
Douglas Dutton :
Je n’ai pas encore eu l’occasion de travailler avec un DIT dans des workflows longs métrages, mais c’est quelque chose que j’aimerais explorer.
Cependant, je propose souvent une LUT personnalisée pour le tournage. Cela permet au chef opérateur d’avoir un rendu proche du look final pendant le tournage, ce qui aide à ajuster les ratios de lumière de manière cohérente. Un monitoring fidèle au look souhaité est essentiel pour éviter de devoir corriger des incohérences en post-production.
Image étalonnée vs REC709
UCO : Quel logiciel d’étalonnage préfères-tu et pourquoi ?
Douglas Dutton :
J’utilise principalement DaVinci Resolve, surtout pour des raisons financières. Un autre logiciel très performant est Baselight, mais il est souvent réservé aux grandes structures de post-production en raison de son coût élevé.
Resolve est très complet, et en tant qu’étalonneur freelance, il répond parfaitement à mes besoins. Cela dit, l’important n’est pas l’outil, mais la manière dont on l’utilise, comme le disait un célèbre étalonneur : « Ce n’est pas l’épée qui compte, mais le samouraï. »
Image étalonnée vs REC709
UCO : Quel type de projet préfères-tu travailler ?
Douglas Dutton :
Je travaille principalement sur des formats courts comme la publicité et les clips, mais j’apprécie également les projets documentaires ou les longs métrages.
Ce que j’aime, c’est la variété. Les publicités offrent un défi technique et artistique unique, car chaque plan doit être minutieusement travaillé. Les clips permettent une grande créativité, tandis que les formats narratifs ou documentaires exigent un étalonnage subtil qui renforce le récit et les émotions.
Image étalonnée vs REC709
UCO : Quel a été l’aspect le plus difficile de l’étalonnage pour cette publicité ?
Douglas Dutton :
Le défi principal était de créer un look suffisamment prononcé pour donner une esthétique de 16mm, tout en restant cohérent sur l’ensemble des plans. Il fallait unifier la palette de couleurs et gérer les distractions dans l’image pour diriger le regard vers les éléments importants.
C’est toujours un équilibre délicat entre technique et ressenti artistique, mais c’est ce qui rend ce métier passionnant.
Image étalonnée vs REC709
UCO : Quels conseils donnerais-tu aux directeurs de la photographie ou réalisateurs pour mieux collaborer avec un étalonneur ?
Douglas Dutton :
Je conseille de contacter l’étalonneur dès la pré-production pour échanger des idées et aligner les intentions créatives.
Il est également crucial de créer une LUT adaptée au tournage pour éviter les mauvaises surprises en post-production. Cela permet de travailler avec une vision claire du rendu final et d’éviter de s’habituer à des images qui ne correspondent pas à l’esthétique souhaitée.
La communication et la collaboration en amont sont essentielles pour servir au mieux la vision artistique du projet.
Image étalonnée vs REC709
🇬🇧 English version
Douglas Dutton has just won the « Emerging Talents » award for his color grading on the commercial « Harmonical Diffraction ». The award is presented annually by Filmlight during the festival.
UCO: Can you tell us a bit about the project you submitted to the festival?
Douglas Dutton:
The project I submitted is a commercial for the watch brand Baltic. It was shot with a small team in just one night in Paris using a DSLR camera.
The concept was to highlight this automatic watch brand by creating a universe inspired by jazz and the Parisian nightlife. We incorporated classic visual elements like a vintage car, retro Parisian aesthetics, and the mechanisms of automatic watches to create a timeless atmosphere.
The creative team had great freedom. The brand trusted them completely, allowing them to express themselves without constraints.
When they approached me, we had already worked together on several projects, and the approach was the same: mutual trust and the freedom to create something authentic and innovative.
Graded vs REC709
UCO: Was the look of the project defined beforehand with the DP and director? Or was it developed after the shoot?
Douglas Dutton:
The look was primarily defined after the shoot. The team usually sent me footage with a general idea or a few keywords rather than precise visual references. I had carte blanche to explore and propose ideas.
For this project, I decided on a full 16mm film emulation. It fit perfectly with the classic universe we aimed to evoke: jazzy Parisian nights, old watch mechanisms, and a timeless ambiance.
The DSLR, with its modern and clean lenses, provided very sharp images but lacked organic qualities. I worked on giving the footage a more organic, lively, and mechanical feel, akin to 16mm film. The team loved this choice.
Graded vs REC709
UCO: How did you approach the color grading for this project?
Douglas Dutton:
I wanted to emulate film without directly using a Kodak or Fuji LUT. These tools often create a strong look that’s hard to customize afterward.
Since the project was shot mainly at night and with natural light, a subtle approach was needed to manage contrasts. The lead actor had a dark complexion, so I opted for a soft contrast curve to preserve details in the shadows and highlights.
I created a unique palette for the project, incorporating blacks with a slight cyan tint and warm highlights, while keeping a clean neutral gray to maintain natural skin tones. This approach balanced the aesthetic while evoking the organic feel of film.
Graded vs REC709
UCO: Have you ever worked with DITs who do pre-grading on-set? How do you collaborate in these cases?
Douglas Dutton:
I haven’t yet had the opportunity to work with a DIT on feature film workflows, but it’s something I’d like to explore.
However, I often provide a custom LUT for the shoot. This allows the DP to see a look closer to the final grade during filming, which also helps them maintain consistent lighting ratios. Accurate monitoring is essential to avoid fixing inconsistencies in post-production.
Graded vs REC709
UCO: What is your preferred grading software, and why?
Douglas Dutton:
I mainly use DaVinci Resolve, primarily for financial reasons. Another excellent tool is Baselight, but it’s often reserved for major post-production houses due to its high cost.
Resolve is very comprehensive and meets all my needs as a freelance colorist. That said, the tool itself isn’t as important as how you use it. As a famous colorist once said, “It’s not the sword that matters, but the samurai.”
Graded vs REC709
UCO: What type of projects do you prefer working on?
Douglas Dutton:
I mostly work on short formats like commercials and music videos, but I also enjoy documentaries and feature films.
What I love is the variety. Commercials present a unique technical and artistic challenge, as every shot must be meticulously crafted. Music videos allow for greater creativity, while narrative or documentary formats require subtle grading to enhance the story and emotions.
Graded vs REC709
UCO: What was the most challenging aspect of grading this commercial?
Douglas Dutton:
The main challenge was creating a strong 16mm-inspired look while maintaining consistency across all shots. I had to unify the color palette and manage distractions in the image to draw attention to key elements.
It’s always a delicate balance between technical precision and artistic intuition, but that’s what makes this job so exciting.
Graded vs REC709
UCO: What advice would you give to DPs or directors for better collaboration with a colorist?
Douglas Dutton:
I recommend involving the colorist during pre-production to share ideas and align creative intentions.
It’s also crucial to create a tailored LUT for the shoot to avoid surprises in post-production. This helps work with a clear vision of the final look and prevents getting used to images that don’t match the desired aesthetic.
Communication and collaboration early on are essential to best serve the artistic vision of the project.
Graded vs REC709
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