Ce dernier texte en forme de bilan clôt une série d’articles consacrés au 29e festival Camerimage, le premier en public depuis la crise sanitaire.

Entre Toruń et Paris

Tandis que l’année dernière le festival Camerimage se déroulait uniquement en ligne dans le contexte de la pandémie, il y a eu cette année un mélange présentiel/distanciel. Cela a permis d’assister (tant bien que mal) au festival depuis Paris avec la possibilité depuis Toruń de voir ou revoir en direct et en replay des conférences, projections et questions réponses sur la plateforme en ligne. Très pratique surtout pour la prise de notes en simultané et les captures d’écran !

Avec le festival en partie en ligne, il y avait moins de monde cette année que d’habitude, ce qui impliquait un certain nombre d’avantages tels que de pouvoir réussir à accéder aux projections, aux conférences et à certaines soirées assez aisément. Être en plus petit comité signifiait également la possibilité d’échanger plus facilement et plus souvent avec les chefs opérateurs, les différents intervenants et les fabricants présents, dont un grand nombre a fini par connaître l’Union par cœur à la fin de la semaine ! Il y avait vraiment un petit côté familial très agréable où l’on prenait le temps de se connaître et de se recroiser puis de garder contact. Et surtout c’est assez incroyable de se retrouver uniquement entre personnes de l’image et de pouvoir tout axer autour de la cinématographie, entraînant des discussions très intéressantes, pointues techniquement et artistiquement.

Durant cette semaine polonaise, écrire des articles à chaud après avoir enchaîné quatre conférences dans la même journée et dormi un nombre d’heures aléatoire était un beau défi à relever. Dépasser cette crainte de ne pas savoir assez bien écrire, de ne pas trouver des choses pertinentes à dire, de ne pas avoir assez de recul sur les articles entre le début de l’écriture et la publication, peur aussi du jugement des lecteurs pour finalement se rendre compte que c’est toujours plus de peur que de mal, c’est quelque chose d’assez gratifiant et inspirant pour la suite…

Globalement, avoir eu la chance de partir à Camerimage représenter l’association à l’étranger, rencontrer beaucoup de monde, dont des nouveaux futurs partenaires, futurs membres et futurs lecteurs du site, rend fier de faire partie de l’Union et donne envie d’emmener les choses encore et toujours plus loin, de les faire avancer avec d’autant plus de détermination et d’énergie.

Elie Elfassi

 

De l’abattement à l’extase métaphysique

Être à Toruń… Ou ne pas être. Cette année, vivre le Festival de loin s’est avéré ressembler à un cours de Zen accéléré. Pendant les trois premiers jours, les innombrables bugs des divers sites du Festival faisaient remonter en moi des bouffées d’ultraviolence à l’encontre des webmasters. Je parcourais un tunnel à tâtons, cherchant en vain une issue. Au quatrième jour, j’ai lâché prise : je vivais les pannes de serveur avec un détachement de bonze laotien. Puis soudain les portes du Nirvana se sont ouvertes – avec un petit mot d’excuses d’un webmaster tout penaud.

Et c’est alors que j’ai découvert « Faya Dayi ». Sur le papier, un documentaire sur la culture du Khat en Ethiopie. Sur l’écran, un film miraculeux, comme tourné en apesanteur, d’une poésie tarkovskienne. Les images, ensorcelantes de beauté, tournées en 4:3 Noir et Blanc dans le pays le plus coloré de la planète, semblaient réalisées par une Chamane et destinées à vous pénétrer l’âme sans aucun artifice.

Ni une ni deux, j’ai contacté Jessica Beshir, qui était restée à New York. Il lui a fallu dix ans pour réaliser ce film. Avec deux Canon, un sens inné du cadre et de la lumière juste, et un infini respect des humains qui l’entouraient. Elle aussi, elle est passée d’une volonté de tout contrôler à un lâcher-prise total, sans pour autant perdre le cap. L’interview qu’elle a accordé à l’Union paraîtra un peu plus tard, le film étant bientôt visible sur MUBI.

C’est aussi cela, Camerimage: la mise en relation directe, grâce à un film programmé en sélection officielle, entre deux étrangers distants de 6.000 kilomètres. Et au bout du tunnel, une lumière éclatante.

Pascal Montjovent

 

Toute la cinématographie

Les festivals, c’est l’occasion de voir les films en projection, d’écouter les membres de l’équipe parler du film, mais Camerimage a cela d’unique : on y entend la voix des chefs opérateurs, avec toute la spécificité de cette parole, tant technique qu’artistique. Et comme dans tous les festivals, c’est l’occasion de voir des films qu’on ne verra pas ailleurs : ni en salle ni en ligne, parce que tel ou tel film ne sera pas distribué en France, parce qu’il y aura toujours trop de films à voir en ligne.
Le festival est donc ce moment privilégié de la rencontre avec des films qu’on n’attend pas, découverts presque fortuitement, parce que le titre ou le thème nous inspire, parce qu’on a rencontré un membre de l’équipe du film, parce qu’on en a entendu parler d’une manière ou d’une autre.
Le choix d’assister à telle ou telle séance se fait pour moi par la marge, à Camerimage comme dans d’autres festivals. À Toruń, j’ai donc plutôt choisi de voir des premiers films de réalisateurs, des premiers films de chef opérateurs, des films étrangers venant de pays dont la cinématographie contemporaine est mal connue, des documentaires et des documentaires courts aussi, dont les opportunités de diffusion hors festivals sont très aléatoires. J’aime ce luxe de voir des films difficiles à voir, en acceptant de pouvoir être déçu, en espérant tomber sur une petite pépite de cinéma, en faisant confiance aux sélectionneurs.
Pour ma première fois à Camerimage, j’y ai vu un premier film chilien (« Matar a Pinochet ») et un premier film estonien (« Goodbye Soviet Union ») qui m’ont donné envie d’en savoir plus, et ont donné lieu à deux entretiens avec l’équipe.
J’y ai vu un premier film (du réalisateur et de son chef opérateur) russe (« Chupacabra ») et un premier film mexicain (« Son of Monarchs »), deux films plutôt inspirés et réussis ; un premier film chinois (« Annular Eclipe »), polar futuriste ambitieux techniquement mais un peut trop efficace et convenu en termes de mise en scène, ou encore « Ted K », premier film américain, à propos d’Unabomber, terroriste solitaire américain des années 80 – un film travaillant visuellement les penchants sociopathes de son personnage principal, parfois très inspiré et parfois maladroit.
J’ai aussi vu « Kodokushi », un documentaire turc tourné au Japon se focalisant sur un travailleur d’un genre particulier, chargé de vider les appartements des personnages âgées décédées seules chez elles, et un film fantastique danois très étrange, « Border », dans la bien-nommée section « Meet the unknown ». Et puis aussi deux séances de courts métrages documentaires, dont deux films qui m’ont particulièrement intéressé : « Survive », un film allemand décrivant la relation d’un père artiste obsédé par sa propre finitude et de son fils toxicomane (son chef opérateur a été récompensé), et « Brave », un film franco-haïtien intime autant que flamboyant.
Et quand même « The French Dispatch » de Wes Anderson pour faire bonne mesure, en présence de son chef opérateur, qui a dû subir une projection cropée sur les bords!!

Thomas Lallier

 

L’Avenir

Il arrive parfois que les planètes s’alignent. Vous frappez à la porte d’une association, et par un concours de circonstance vous vous retrouvez moins d’un an plus tard à participer à sa représentation en Pologne à Camerimage. Ça a été mon cas, et c’était fou.
Si vous avez déjà fait quelques festivals, vous savez qu’il y en a des guindés, des très guindés, des « désolé t’es pas assez guindé pour entrer » et des pas du tout guindé. Le Camerimage entre clairement dans cette dernière catégorie, son crédo : si on sortait du star system et qu’on parlait boulot ?

Mon festival a été une suite sans fin de conférences plus intéressantes les unes que les autres, de films connus et inconnus, de soirées passées à discuter avec des gens croisées il y a deux heures sur les stands Arri, Zeiss ou DMG. Avant Camerimage, je n’avais jamais vu des gens oscarisés en jean basket discutant flare et motion control avec des étudiants en tenue de soirée encore un peu penauds de la situation. Avant ce festival je n’avais jamais eu l’occasion d’échanger avec des maîtres de notre métier, et de comprendre par la même occasion que ces gens à la carrière incroyable sont comme vous, ça leur fait du bien de parler du fond des choses. Cela a été l’occasion de réaliser que de nombreuses personnes et entités sont prêtes à vous accueillir dans cette belle communauté cinématographique.
Enfin, je dirais que ce festival a vraiment été une claque pour moi. J’ai réalisé qu’individuellement ou collectivement c’est notre ambition qui nous mènera où on le souhaite, et au même titre qu’une carrière se construit avec le temps, le travail et l’envie d’avancer, il semble que notre association ira aussi loin que nous souhaitons la mener.

Le Camerimage été une formidable opportunité de parler de L’Union des Chefs Opérateurs, de lui donner une place sur la carte des organisations professionnelles, de la faire découvrir à de potentiels futurs partenaires, à donner envie à ses membres de la défendre et de montrer que cette association, si jeune soit-elle, a toute la légitimité à grandir, du moment que nous lui en laissons la chance.

Vincent Tartar

 

Le cinéma en partage

Camerimage constitue une opportunité unique d’écouter parler de leur travail des chefs opérateurs prestigieux mais aussi venus de tous les pays et de tous les horizons. Si ma première participation au festival n’aura été qu’à distance, m’amenant à choisir de ne pas voir les films qui allaient sortir au cinéma prochainement, j’ai néanmoins pu assister à de nombreux échanges passionnants, au lieu de me contenter d’en lire les compte-rendus comme les années précédentes.

Un tel festival offre aussi la possibilité de découvrir des films qui resteront probablement inédits en France. « Faya Dayi » de Jessica Beshir, vu sur les recommandations de Pascal Montjovent, fût ainsi un choc cinématographique, tant le magnifique noir et blanc, le soin apporté aux cadres et l’écriture fine et originale de ce documentaire m’ont éblouis.

Faire partie d’un groupe de rédaction, au sein duquel échanger conseils de films à voir, idées et avis sur nos articles respectifs, apporte une stimulation supplémentaire. Ce fut ainsi l’opportunité de retrouver le plaisir d’écrire, de consacrer du temps à réfléchir sur l’image et sur notre travail de directeurs de la photographie, temps qu’on ne prend que trop rarement et qui pourtant pousse à approfondir ses idées et sa conception de l’image cinématographique.

La thématique de la collaboration, notamment entre les différents départements, fût récurrente cette année dans les conférences. Au cœur même du festival se trouve l’envie de partage autour de nos métiers. A l’instar de cette idée fondamentale, cette édition aura été l’occasion de renouveler mon plaisir d’échanger sur la photographie et le cinéma, en écoutant les nombreux chefs opérateurs invités, mais aussi en discutant avec mes camarades de l’Union.

Une expérience enrichissante qui ne m’a que trop donné l’envie de faire le déplacement l’année prochaine, afin de pouvoir découvrir les films en salle et de profiter des à-côtés du festival, toutes ces rencontres et discussions plus informelles qui peuvent naître et se poursuivre spontanément hors des évènements officiels.

Diane Plas

 

Élargir notre vision

Il y a dans la vie des événements qui se déroulent pour nous redonner du souffle, pour nous accorder le temps de nous recentrer sur notre vision. Camerimage s’est révélé l’un de ces instants suspendus dont j’avais particulièrement besoin. Un moment de prise de recul important sur la raison pour laquelle je crée des images. C’est une sphère qui nous permet, à nous directeurs de la photographie, de nous ressourcer ensemble et de parvenir à des réflexions communes sur notre métier.
Camerimage est un espace d’exploration dense qui nous immerge dans un univers cinématographique véritablement diversifié. Une journée ne suffit pas pour y assister à la projection d’un film tant espérée, se remettre de la découverte d’un chef d’œuvre inattendu et s’enrichir de l’expérience partagée par l’un des maîtres de l’art. Car après cela, il faut encore réfléchir à pousser les portes du futur de notre métier. L’effervescence des réflexions autour de nos pratiques n’y cesse jamais.

Ces réflexions partagées sont au centre de l’expérience, lors des séminaires, des échanges avec les constructeurs, et ce, jusque dans les moments off du festival. Car en effet ce qui est frappant, c’est la facilité des rencontres et des échanges entre chacun, que l’on soit éminent directeur de la photographie ou jeune espoir. La richesse de ces rencontres ouvre des horizons insoupçonnés ou oubliés et nous amène à élargir notre vision et à nous reconnecter avec nos pratiques artistiques et techniques.
Le festival nous a donc offert des moments émotionnels forts par ses rencontres, mais également par ses projections. Pour moi, la claque, ce fut « C’mon C’mon » de Mike Mills, le noir et blanc subtil et les cadres d’une justesse indéniable de Robbie Ryan. Une oscillation douce entre fiction et documentaire qui nous parle du temps et de son effet à la fois imperceptible et fulgurant sur notre monde. Le film sonne comme la leçon d’espoir d’une jeune génération qui y cherche son épanouissement futur et y célèbre le présent.

Et enfin, il y a ces personnes avec qui je suis partie. Des profils si différents qui ne se seraient certainement pas aventurés ensemble à un tel festival si notre association ne les avait pas réunis. Merci à vous pour nos échanges et les nombreux à venir. Vous avez accompli un superbe travail en représentant la diversité et le professionnalisme de l’association et en lui faisant occuper une place de choix sur la scène de la cinématographie. Cette expérience est la preuve que nous devons continuer à faire avancer notre collaboration, car elle a de beaux jours devant elle.

Valentine Lequet

 

L’union fait la force

Mon premier Camerimage a eu lieu à Bydgoszcz en 2018, j’étais encore étudiante et je suis rentrée à Paris des étoiles plein les yeux et une offre de stage chez Panavision à New-York en proche. J’étais très fière d’avoir vaincu ma timidité pour approcher Terra Bliss, vice-présidente de Panavision, avec qui j’avais échangé par mail depuis plusieurs mois dans l’espoir d’un stage dans son entreprise. J’étais aussi très heureuse d’avoir rencontré Seamus McGarvey, l’adorable directeur de la photographie d’un de mes films préférés, « The Hours » de Stephen Daldry. J’étais convaincue, et je le suis toujours, après avoir vu tant de films magnifiques, d’avoir choisi le meilleur métier du monde…

Cette année, le festival était de retour à Toruń après une édition entièrement virtuelle. J’ai été surprise de découvrir que de nombreux visages désormais familiers arpentaient les allées du célèbre Market : directeurs de la photographie, étalonneurs, fabricants de caméras, d’optiques et de matériel d’éclairage. En tant que toute nouvelle membre active de l’Union, j’étais souvent impressionnée de me présenter comme directrice de la photographie à des professionnels bien plus expérimentés. La présence bienveillante de mes sept camarades de l’association m’a rassurée et portée. Une preuve que l’union fait la force ! Je me souviendrai longtemps de cette première soirée de panique à chercher un hôtel…

Parmi mes coups de cœur du festival, une rencontre avec Alice Brooks, directrice de la photographie de l’émouvant « Tick Tick Boom » et du vertigineux « In The Heights » qui m’a donné envie de tourner une comédie musicale, et la découverte du travail délicat de Robbie Ryan dans « C’mon C’mon » et Haris Zambarloukos dans « Belfast », qui font rêver de noir et blanc. Je repars, encore une fois, enthousiasmée, inspirée, animée par l’amour de ce métier qui me passionne chaque jour davantage !

Naomi Amarger

 

Applaudissements !

Un étrange sentiment m’envahit lors de ma première projection à Camerimage : le public s’installe, discute, le noir se fait, silence. Jusque-là tout va bien. Le générique débute, le nom du chef op apparaît et… nous applaudissons ! Le public applaudit le chef op ! Petit instant de surprise. Le réal c’est normal, dans tous les festivals du monde, le réal est applaudi. Mais le chef op !?  OK, c’est un festival de chefs op mais ici c’est autre chose. Il y a une conviction, une volonté. Nous applaudissons le chef op.

À ce moment précis, je prends conscience qu’autour de moi 200 personnes partagent la même passion, la même obsession pour ce métier. Il existe un groupe, une communauté. Nous célébrons un chef op mais c’est aussi toute la profession que nous applaudissons, et forcément un peu nous-mêmes. Pendant une semaine, des directeurs photo venus de tous les continents se croisent, échangent et partagent une vision commune. Ici et maintenant, nous sommes une famille et nous le savons. Alors nous applaudissons le chef op.

Il y a quelque chose ici d’un peu irrationnel me rappelant l’ambiance de certains concerts. Des parfaits inconnus échangeant le regard complice des vrais passionnés. Il se passe quelque chose d’important. Nous arborons avec fierté nos badges, nous visitons la boutique de merch pour conserver une trace, un souvenir de cet instant de communion. Nous voulons faire partie de ce mouvement. Les lumières s’éteignent, le générique débute. Applaudissons le chef op !

FX Le Reste

 

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ENGLISH VERSION

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Between Toruń and Paris

While last year’s Camerimage festival was held only online in the context of the pandemic, this year there was a mix of face-to-face/remote. This made it possible to attend (as best we could) the festival from Paris with the possibility in Toruń to see or rewatch live and replay conferences, screenings and Q&A on the online platform. Very handy especially for simultaneous note taking and screen shots!

With the festival partly online, there were fewer people this year than usual, which implied some advantages such as being able to access the screenings, lectures and some parties quite easily. Being less attendees also meant that it was easier and more frequent to talk to the cinematographers, the various speakers and the manufacturers present, many of whom ended up knowing the Union by heart by the end of the week! There was a very pleasant family atmosphere where we took the time to get to know each other and to keep in touch. And above all, it was incredible to meet only with people from the image industry and to be able to focus on cinematography, leading to very interesting discussions, technically and artistically advanced.

During this Polish week, writing articles on the spot after having attended four conferences in a row the same day and having slept a random number of hours was a great challenge. Overcoming the fear of not knowing how to write well enough, of not finding relevant things to say, of not having enough distance between the beginning of the writing and the publication, fear also of the readers’ judgement to finally realize that it is always more fear than harm, is something quite gratifying and inspiring for the future…

Overall, having had the chance to go to Camerimage to represent the association abroad, to meet many people, including new future partners, future members and future readers of the site, makes you proud to be part of the Union and makes you want to take things further and further, to push them forward with even more determination and energy.

Elie Elfassi

 

From gloom to metaphysical ecstasy

To be in Toruń… Or not to be. This year, experiencing the Festival from afar turned out to be like a crash course in Zen. For the first three days, the countless bugs in the various Festival sites stirred up in me bursts of ultraviolence against the webmasters. I was groping my way through a tunnel, looking in vain for a way out. Finally, on the fourth day, I let go: I lived through the server breakdowns with the detachment of a Laotian monk. Then suddenly, the doors to Nirvana opened – with an apology from a sheepish webmaster.

And that’s when I discovered « Faya Dayi ». On paper, a documentary about the Khat culture in Ethiopia. On the screen, a miraculous film, as if shot in weightlessness, with Tarkovskian poetry. The bewitchingly beautiful images, shot in 4:3 Black and White in the most colorful country on the planet, seemed to be created by a Shaman and intended to penetrate your soul without any artifice.

I immediately contacted Jessica Beshir, who had stayed in New York. It took her ten years to make this film. With two Canon cameras, an innate sense of framing and lighting, and infinite respect for the people that surrounded her. She also went from wanting to control everything to letting go of it all, without losing focus. Her interview with The Union will appear later, as the film will soon be available on MUBI.

This is also what Camerimage is all about: the direct connection, thanks to a film programmed in the official selection, between two foreigners 6,000 kilometers apart. And at the end of the tunnel, a radiant glow.

Pascal Montjovent

 

All the cinematography

Festivals are an opportunity to see films being screened, to listen to members of the crew talk about the film, but Camerimage is unique in that it is the voice of the cinematographers, with all the specificity of this voice, both technical and artistic. And as in all festivals, it is an opportunity to see films that will not be seen elsewhere : neither in theaters nor online, because such and such a film will not be distributed in France, because there will always be too many films to see online.
The festival is therefore a privileged moment of encounter with films that we do not expect, discovered almost by chance, because the title or the theme inspires us, because we met a member of the film’s team, because we heard about it in one way or another.
The choice to attend this or that screening is made for me by the margin, at Camerimage as at other festivals. At Toruń, I therefore chose instead to see first films by directors, first films by cinematographers, foreign films from countries whose contemporary cinematography is not well known, documentaries and short documentaries as well, whose opportunities for distribution outside festivals are very random. I like the luxury of seeing films that are difficult to see, accepting the possibility of being disappointed, hoping to find a little nugget of cinema, trusting the selectors.
For my first time at Camerimage, I saw a first Chilean film (« Matar a Pinochet ») and a first Estonian film (« Goodbye Soviet Union ») which made me want to know more, and led to two interviews with the team.
I saw a first Russian film (« Chupacabra ») and a first Mexican film (« Son of Monarchs »), two rather inspired and successful films ; a first Chinese film (« Annular Eclipe »), a futuristic thriller technically ambitious but a bit too efficient and conventional in terms of staging, or « Ted K », a first American film, about the Unabomber, a lone American terrorist of the 80’s – a film visually working around the sociopathic inclinations of its main character, sometimes very inspired and sometimes clumsy.
I also saw « Kodokushi », a Turkish documentary filmed in Japan focusing on a special kind of worker, in charge of emptying the apartments of elderly people who have died alone in their homes and a very strange Danish fantasy film, « Border », in the well-named « Meet the unknown » section. And also two screenings of short documentaries, including two films that particularly interested me : « Survive », a German film describing the relationship between an artist father obsessed with his own finitude and his drug-addicted son (its cinematographer was awarded a prize), and « Brave », a French-Haitian film that is as intimate as it is flamboyant.
And even « The French Dispatch » by Wes Anderson for good measure, in the presence of its chief operator, who had to undergo a projection cropped on the edges !

Thomas Lallier

 

The Future

Sometimes the planets align. You knock on the door of an organization, and by a combination of circumstances you find yourself less than a year later participating in its representation in Poland at Camerimage. That was my case, and it was crazy.
If you’ve ever been to a few festivals, you know that there are uptight ones, very uptight ones, even some « sorry you’re not uptight enough to get in » ones and finally some not uptight at all. Camerimage clearly falls into the latter category, its credo: what if we got out of the star system and talked about our craft?

My festival was an endless series of conferences, each one more interesting than the other, of famous and unknown films, of evenings spent chatting with people I met two hours ago on the Arri, Zeiss or DMG stands. Before Camerimage, I had never seen Oscar winners in jeans and sneakers discussing flare and motion control with students in formal wear still a little confused by the situation. Before this festival, I’d never had the opportunity to talk with masters of our craft, understanding at this very moment that these people with incredible careers are just like you, they like to talk about this incredible job of ours. It was an opportunity to realize that there are many people and entities that are willing to welcome you into this beautiful cinematgraphers community.
Lastly, I would say that this festival was really a wake-up call for me. I realized that individually or collectively it is our ambition that will take us where we want to go, and just as a career is built with time, work and the desire to progress, it seems that our association will go as far as we want to take it.

The Camerimage was a great opportunity to talk about our organization, to put it somewhere on the map of professional organizations, to introduce it to potential future partners, to make its members want to defend it and to show that this organization, however young it may be, has all the legitimacy, as long as we give it the chance to grow.

Vincent Tartar

 

Sharing our love of cinema

Camerimage is a unique opportunity to listen to prestigious cinematographers from all countries and all horizons talking about their work. If my first participation in the festival was only remotely, leading me to choose not to watch the films that were going to be released in theaters soon, I was nevertheless able to attend many fascinating exchanges, instead of just reading the reports as in previous years.
Such a festival also offers the possibility to discover movies that will probably remain unreleased in France. « Faya Dayi » by Jessica Beshir, seen on Pascal Montjovent’s recommendation, was a cinematographic shock, for the magnificent black and white, the carefully designed frames and the fine and original writing of this documentary dazzled me.

Being part of an editorial group, in which we could exchange advice on films to see, ideas and opinions on our respective articles, brings an extra stimulation. It was an opportunity to rediscover the pleasure of writing, to spend time reflecting on the image and on our work as directors of photography, time that we rarely take and which nevertheless pushes us to deepen our ideas and our conception of the cinematographic image.

The topic of collaboration, especially between the different departments, was recurrent this year throughout the conferences. At the very heart of the festival is the desire to share about our work as cinematographers. Reflecting this fundamental idea, this edition was an opportunity to renew my pleasure of exchanging views on cinematography and cinema in general, by listening to the many invited cinematographers, but also discussing with my comrades of the Union des Chefs Opérateurs.

It was an enriching experience that had no result but making me want to take the trip next year, in order to discover the films in theaters and to take advantage of the side events of the festival, all these more informal meetings and discussions that can start and continue spontaneously outside the official events.

Diane Plas

 

Expanding our vision

There are events in life that happen to give us breath, to give us time to refocus on our vision. Camerimage proved to be one of those suspended moments that I particularly needed. A moment to take a step back from the reason why I create images. It is a space that allows us cinematographers to reflect on our work together and to come up with common reflections on our profession.

Camerimage is a space of deep exploration that takes us into a truly diverse cinematographic universe. One day is not enough to attend the screening of a long-awaited film, to recover from the discovery of an unexpected masterpiece and to be inspired by the experience shared by one of the masters of this art. Because after all that, we still have to think about the possibilities of the future of our profession. The effervescence of the thoughts about our practices never ceases.

These shared reflections are at the heart of the experience, during the conferences, the discussions with the constructors, and even during the off times of the festival. Indeed,  the simplicity of the meetings and exchanges between everyone is striking, whether you are an eminent cinematographer or a young emerging talent. The richness of these encounters opens up unsuspected or forgotten dimensions and leads us to expand our vision and to reconnect with our artistic and technical practices.

The festival offered us strong emotional moments through its meetings, but also through its screenings. For me, the highlight was « C’mon C’mon » by Mike Mills, the subtle black and white and the sensitive framing of Robbie Ryan. A gentle balance between fiction and documentary that deals with time and its imperceptible yet fulgurant effect on our world. The movie rings like a lesson of hope from a young generation that seeks its future accomplishment and celebrates the present.

And finally, there are the people I went with. Such different profiles that would certainly not have ventured together to such a festival if our organization had not brought them together. Thank you for our sharing and the many to come. You have done a wonderful job representing the diversity and professionalism of the organization and giving it a valuable place on the cinematography scene. This experience is proof that we must keep moving forward with our collaboration, as it has a bright future ahead of it.

Valentine Lequet

 

Strength in unity

My first Camerimage Festival took place in Bydgoszcz in 2018, I was still a student and I returned to Paris with stars in my eyes and an internship offer at Panavision in New York in hand. I was very proud that I fought my shyness and approached Terra Bliss, then vice-president and managing director of Panavision, to whom I had sent several emails in the hope of an internship in her company. I was also very happy that I met Seamus McGarvey, the extremely kind cinematographer of one of my favorite movies, « The Hours » by Stephen Daldry. I was convinced, and I still am, after seen so many magnificent films, that I have chosen the best job in the world…

This year, the festival was back in Toruń after a completely virtual edition. I was surprised to discover that many familiar faces roamed the aisles of the famous Market: cinematographers, colorists, manufacturers of cameras, optics and lighting equipment. As a brand new active member of the Union, I was often impressed to introduce myself as a cinematographer to much more experienced professionals. The supportive presence of my seven comrades from the association reassured and carried me. Proof that there is strength in unity! I will forever remember that first night of panic looking for a hotel…

Among my favorite moments of the festival, a meeting with Alice Brooks, cinematographer of the moving « Tick Tick Boom » and the dizzying « In The Heights » which made me want to shoot a musical, and the discovery of the delicate work of Robbie Ryan in « C’mon C’mon » and Haris Zambarloukos in « Belfast », which made me dream of black and white. I am leaving, once again, enthusiastic, inspired, driven by the love of this profession which fascinates me more every day!

Naomi Amarger

Applause !

A strange feeling came over me during my first screening at Camerimage : the audience settles down, talks, it gets dark, silence. So far so good. The credits begin, the name of the director of photography appears and we applaud the director of photography ! The public applauds the DOP ! Small moment of surprise. The director is normal, in all the festivals of the world, the director is applauded. But the DOP !?  Ok it is a festival of DOP but here it is another thing. There is a conviction, a will. We applaud the DOP !

At this precise moment, I become aware that around me 200 people share the same passion, the same obsession for this profession. There is a group, a community. We are celebrating a DOP, but we are also applauding the entire profession and, of course, ourselves. For a week, cinematographers from all continents meet, exchange and share a common vision. Here and now, we are a family and we know it. And we applaud the DOP !

There is something a bit irrational here, reminding me of the atmosphere of some concerts. Complete strangers, exchanging the knowing look of true enthusiasts. Something important is happening.  We proudly wear our badges, we visit the merch store to keep a trace, a souvenir of this moment of communion. We want to be part of this movement. The lights go out, the credits start to roll and we applaud the DOP !

FX Le Reste