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Le film Quiet Life est inspiré de faits réels, retraçant l’histoire d’une famille russe fuyant la répression. Installés en Suède, leur demande d’asile est rejetée et ils sont menacés de devoir retourner en Russie, où ils sont en insécurité. Sous la pression de la nouvelle, leur plus jeune fille, Katja, tombe soudainement dans le coma.

Des cas de syndrome de résignation comme celui dont cette enfant est victime, il y en a des dizaines chaque année en Suède. C’est un sujet sérieux et sensible qui nous est dévoilé, touchant à l’histoire d’enfants qui n’ont rien demandé d’autre que de vivre dignement, sans être dans la peur constante. Néanmoins, le film nous présente cela avec une froideur et une distance déconcertante. Les décors sont pratiquement vides, les accessoires sont tous alignés avec la plus grande précision, les mouvements d’acteurs dessinés tels des pantins, des costumes dont pas une fibre ne dépasse, une lumière naturaliste, des émotions pleines de retenue… Ce qui rend les rares moments du film semblant sincères d’autant plus touchants.

Je ressors de la salle sans savoir si j’ai aimé le film. Et même plusieurs jours plus tard, je ne sais toujours pas si je l’ai aimé. Mais au fond, je crois que peu importe. Pendant une grande partie du film, nous ne savons pas vraiment quoi ressentir, sommes presque gênés de toute cette réserve, avons quasiment envie de secouer les personnages par les épaules. Malgré ces émotions partagées, c’est un film qui marque et qui ne s’oublie pas. Après tout, je me rends compte que cette pudeur avait un petit quelque chose d’émouvant.

L’image répond parfaitement aux attentes de la mise en scène, avec une sobriété exemplaire tout en gardant son charme et sa personnalité. Les mouvements de caméra se laissent oublier, la lumière est froide, douce, presque sans ombres mais ne délaisse pas le contraste.

C’est pour ce film que la Caméra 300 d’Argent est décernée à la directrice de la photographie Olympia Mytilinaiou, GSC lors de cette 46ème édition du festival Manaki Brothers.

C’est une belle découverte que nous avons pu voir, avec une proposition de mise en scène surprenante et inhabituelle pour ce genre de thème. On nous fait progressivement comprendre que le sujet est déjà suffisamment grave en soi sans avoir besoin d’en rajouter, comme nous avons souvent l’habitude de le voir au cinéma.


🇬🇧 English version

The film Quiet Life is based on true events, recounting the story of a Russian family fleeing repression. Settled in Sweden, their asylum application is rejected and they are threatened with having to go back to Russia, where they are unsafe. Under the pressure of this news, their youngest daughter, Katja, suddenly falls into a coma.

Every year in Sweden, there are dozens of cases of resignation syndrome like the one this child is suffering from. It is a serious and sensitive subject that is revealed to us, discussing the story of children who have asked for nothing more than to live with dignity, without being in constant fear. Nevertheless, the film presents this to us with a disconcerting coldness and distance. The sets are practically empty, the props are all lined up with the utmost precision, the actors’ movements are drawn like puppets, the costumes are immaculate, the lighting is naturalistic, the emotions are restrained… This makes the rare moments in the film that seem sincere all the more touching.

I left the theater without knowing whether I liked the film or not.  Even several days later, I still don’t know if I liked it. But ultimately, I don’t think it matters. For the most part of the film, we don’t really know how to feel, we’re almost embarrassed by all this shyness, we almost want to shake up the characters. Despite these mixed emotions, it’s a film that leaves a lasting impression and is not easily forgotten. After all, I realize that this modesty had something touching about it.

The cinematography overall perfectly matches the movie theme, with exemplary sobriety while retaining its charm and personality. The camera movements are unobtrusive, the lighting is cold, soft, almost shadowless, but does not neglect contrast.

The Silver Camera 300 was awarded to director of photography Olympia Mytilinaiou, GSC for this film, at the 46th edition of the Manaki Brothers Festival.

It was a wonderful discovery, with a surprising and unusual approach to this kind of subject matter. We gradually come to understand that the subject is serious enough in itself without the need to add anything on top of it, as we often see in movies.