Après 67 jours de confinement, notre secteur professionnel redémarre petit à petit. Avant la période estivale, alors que le déconfinement suit son cours, nous avons contacté nos partenaires loueurs pour parler impact économique, mesures sanitaires et globalement perspectives pour cette période à géométrie et temporalité variable, avec comme épée de Damoclès un retour saisonnier de la pandémie.

À leur connaissance, aucun salarié des partenaires nous ayant répondu n’a été touché par le coronavirus, du moins de manière confirmée médicalement. Après 4 semaines de reprise, environ la moitié des salariés étaient revenus à leur poste, mais l’activité allant crescendo, tous prévoyant de retrouver leurs effectifs fin juin.

Durant le premier mois de déconfinement, l’activité a repris au ralenti, timidement, mais sûrement.

Lorsque cela était possible, les tournages de long interrompus mi-mars ont repris (TSF, Next Shot) et de très rares tournages en long-métrage ont débuté juste après le confinement (un projet chez PhotoCineRent), les nouveaux projets étant plutôt prévus à partir de mi-fin juin. D’une manière générale, les projets en fiction TV reprennent plus rapidement (Next Shot) ainsi que les tournages de programmes courts pub, fiction et contenus web (Next Shot, PhotoCineRent).

Cette période de moindre activité a pu être l’occasion de tests comparatifs, pour des projets en tournage cet été ou à la rentrée (NextShot).

Un des enjeux primordiaux de la reprise était notamment l’établissement de modus operandi conformes aux mesures sanitaires en vigueur, pour les salariés en internes et pour les équipes travaillant sur place pour les essais caméra et les enlèvements matériel. Chaque société a donc dû se fournir en matériel de désinfection, imposer les gestes barrières et le port du masque et d’une manière réorganiser ses espaces de travail.

© compte Instagram PhotoCineRent

 

Pour le matériel, la désinfection à l’aide de virucides (vaporisateurs, lingettes) avant et après chaque tournage est devenue la norme, voire l’isolement du matériel au retour et la fourniture systématique d’œilleton neuf.

TSF a notamment répondu précisément à la problématique en ces termes:

  • Quarantaine: Il y a un consensus scientifique pour dire qu’une quarantaine de 72 heures neutralise la quasi-totalité des virus de type SARS-COV-2 qui pourraient se loger sur les surfaces inertes. Seules certaines matières plastiques peuvent éventuellement permettre au virus de demeurer actif au-delà de ce délai de quarantaine. Sur l’aluminium et le fer, principaux matériaux des équipements cinématographiques, la persistance du virus n’excède pas les 24 heures.
    Nous considérons donc que tout équipement qui n’a pas été mobilisé sur une période de 72 heures est réputé INERTE.
  • Désinfection en vrac: Pour optimiser la désinfection des équipements et des lieux de tournage, nous avons retenu le procédé de Désinfection des Surfaces par Voie Aérienne (DSVA) proposé par la société Française Oxy’Pharm. Un appareil médical Nocospray qui fonctionne par procédé d’ionisation par turbine sèche du consommable Nocolyse, produit de bio-désinfection des surfaces prêt à l’emploi à base de peroxyde d’hydrogène à 6% et d’argent. Le consommable Nocolyse est biodégradable à 99,9%, non toxique, non corrosif, non allergène, non cancérigène et ne laisse pas de résidu. Le procédé Nocospray est conforme à la norme NF T 72 281 (version Novembre 2014) de désinfection des surfaces. Le système Nocospray permet de désinfecter le matériel technique et toutes les surfaces qu’il rejoint en atteignant un taux de réduction logarithmique de > 6 log (99,9999%) des micro-organismes infectieux.
    Ce procédé nous permet de désinfecter l’ensemble des surfaces accessibles (non directionnelles) dans un lieu donné (camion, studio, véhicule…) en moins de 2 heures en neutralisant des virus de type corona. Nous avons testé ce procédé in situ avec glaces maquillages, objectifs sans bouchons, moniteurs, cameras avec capteurs exposés, flight caisses ouverts, etc., sans aucune trace de dépôts ou de corrosion sur multiples surfaces fragiles.
    Le système Nocospray est disponible en interne, et d’ici peu à la vente et à la location.
  • Désinfection localisés matériel sensible : Il n’est pas toujours nécessaire ou possible de procéder à une DSVA. Pour des applications de désinfection plus locales, nous avons validé le désinfectant biologique Septysan AR fabriqué en France. Ce produit à base d’alcool peut être appliqué par vaporisation (bouteille avec vaporisateur ou brumisateur de jardin manuels pour les besoins plus importants) directement sur les surfaces pour un effet virucide en quelques secondes. Très rapide à s’évaporer, le Septysan AR ne nécessite pas d’essuyage. Le Septysan peut être utilisé comme nettoyant en vaporisant sur une lingette ou autre tissus nettoyants pour retirer les souillures plus importantes, tout en assurant une action virucide. Nous avons testé le Septysan AR sur des lentilles d’objectifs pour s’assurer de la totale évaporation du produit. Le Septysan AR est conforme à la norme EN 14476 pour son action virucide. Le Septysan AR n’est pas une solution hydro-alcoolique utilisable pour la désinfection des personnes. Il est d’ailleurs recommandé d’utiliser des gants lors d’applications manuelles et des lunettes de sécurité si utilisation avec brumisations importantes.
  • Désinfection personnelle: Nos équipes et nos clients sont aujourd’hui équipés de gels et de solutions hydro-alcooliques. Notre nouvelle division CINE-PROTECT les propose à la vente sous divers conditionnements. La particularité de ces produits conçues pour le nettoyage dermatologique sont que ceux-ci, malgré un taux d’alcool élevé (65 à 72%) contiennent des glycérols qui permettent une protection de la peau et une texture visqueuse que l’alcool seule ne permet pas. Le glycérol laisse par contre des résidus (bon pour les mains) qui ne sont pas souhaitable sur le matériel technique. La solution HA contiens moins de glycérols que le gel, d’où la différence de viscosité et s’avère utile pour la désinfection de surfaces courantes non sensibles, type claviers informatiques, poignées de porte, boutons d’ascenseur, etc. Il est important de préciser que TSF ne valide pas les solutions hydro-alcooliques pour le nettoyage ou la désinfection de son matériel technique sensible.

En ce qui concerne son propre personnel, chaque loueur a déployé les stratégies qui leur semblaient appropriées: outre les recommandations gouvernementales et le port du masque obligatoire, augmentation de la fréquence de nettoyage des locaux (EMIT), fourniture d’un kit salarié avec boîte de 50 masques et bouteille de gel hydroalcoolique (NextShot), prise quotidienne de la température, port de la visière recommandée en contact clients, mise à disposition de gel hydro alcoolique sur chaque poste (PhotoCineRent).

Prépa Lumière NextShot

Pour les équipes venant travailler sur place, les loueurs ont mis à disposition masques, gants et gel hydroalcoolique. NextShot indique avoir fait le choix de ne pas neutraliser la fontaine à eau ni la machine à café en comptant sur la responsabilité de chacun de ne pas les manipuler sans s’être désinfecté les mains.

Au niveau de la préparation matériel, l’imposition des mesure sanitaires entraîne logiquement chez les loueurs un temps dédié spécifiquement à la désinfection du matériel, avec parfois un employé dédié au respect des règles d’hygiène et sanitaires (PhotoCineRent).

La prise en compte des mesures sanitaires (notamment la distanciation) se répercute en partie sur les listes matériel, avec une diminution des jours de location en caméra 2, suite à la réduction des des équipes; moins de moniteurs au profit de liaisons wifi vers des iPads (NextShot); ou au contraire plus de moniteurs (TSF); l’ajout dans les listes de longues focales et de liaisons HF…

© compte Instagram TSF

L’événement sans précédent que représentent la pandémie et le confinement va avoir des conséquences économiques importantes pour nos partenaires.

  • NextShot entrevoit une baisse du chiffre d’affaire de 30% sur un an et prévoit des investissements stratégiques, PhotoCineRent prévoit au contraire de limiter ses investissements et gèle ses recrutements.
  • Emit se prépare à des périodes de chômage technique si nécessaire, et a par ailleurs suspendu l’accueil des stagiaires en BTS.
  • TSF souligne que les aides gouvernementales sous forme de PGE ont été salvateurs pour l’ensemble de la filière, même s’il ne faut pas oublier que les endettements devront être remboursés. « Dans une industrie ou les marges opérationnelles des prestataires sont déjà très ajustés, cela aura évidemment un impact sur nos stratégies, nos investissements et notre capacité à « soutenir » plus qu’à la normale certains projets ».

La situation évolue rapidement et il est permis d’être optimiste, on peut espérer que la crise sanitaire sera à terme sous contrôle… L’activité reprend mais l’été 2020 sera sans doute plus calme que d’habitude. Si les tournages de fiction reprennent, si les tournages de publicité reprennent, en revanche les annulations et les report d’événements ont un impact direct sur les tournages en multicaméra, qu’il s’agisse de mode ou de musique live.

Tous les regards se portent maintenant sur la rentrée mais si les demandes de devis affluent, les incertitudes demeurent, notamment par rapport aux accès à certains lieux de tournage.

Nous saluons tous les efforts fournis par nos prestataires pour s’adapter à la situation et assurer la sécurité de tous. Et nous remercions aussi nos amis assistants opérateurs, eux aussi très mobilisés. L’AOA a rédigé un article très complet sur les solutions et protocole face au Covid-19 que vous pouvez lire ici :

http://www.aoassocies.com/loueurs-face-au-covid/

> Image de couverture: essais Next Shot Xavier Dolléans et Anaïs Andreassian