
Stéphane Martins (UCO) a testé les Ensō Primes d’ARRI, ainsi que leurs accessoires Vintage Elements, lors d’un tournage nocturne sur un terrain de rugby. Une configuration qui a mis en lumière les qualités et particularités de ces optiques dans des conditions exigeantes.

Genèse du projet
Tout a commencé lors d’un échange avec ARRI France après la publication de leur vidéo promotionnelle sur les Ensō. Intrigué par l’idée d’un tournage autour du rugby que je leur avais soumis, ils m’ont prêté un prototype standard de la série et proposé d’exploiter le rendu pour leur présentation au Micro Salon de l’AFC.
Mon intention première était de filmer en lumière naturelle, en mettant en scène des joueurs de rugby en plein effort. L’objectif était d’explorer la polyvalence de la série Ensō, en testant chaque focale dans diverses configurations de prise de vue.
Un tournage qui bascule en nocturne
Un paramètre de production a rapidement remis en question mon approche : le club de rugby de Clignancourt, avec lequel nous avons collaboré, ne s’entraînait que le soir, entre 19h et 21h. Ce créneau limité nous imposait donc un tournage exclusivement de nuit, avec toutes les contraintes que cela implique en termes de gestion de la lumière.

Ce changement a finalement constitué un test encore plus intéressant pour les Ensō : comment allaient-elles se comporter dans un environnement où la gestion des hautes lumières, des contrastes et du piqué était cruciale ?
Caméra et configuration technique
Les Ensō Primes couvrant le full frame, j’avais le choix entre deux caméras récentes d’ARRI : la Mini LF et l’Alexa 35. J’avais envie d’un minimum de 100 fps, avec quelques plans en 120 fps en 4K 16/9. Seule l’Alexa 35 permettait cette configuration uniquement en RAW, avec en prime la sensibilité accrue de son capteur, un atout clé pour un tournage nocturne.
Le projet a donc été tourné en 4K 16/9 ARRIRAW.
Éclairage : composer avec les contraintes du stade
Le stade où nous tournions était éclairé par de puissants projecteurs de part et d’autre. Bien que je n’ai pas eu l’intention des les utiliser exclusivement, j’étudiais la possibilité de composer avec. Mais, suite à mon premier repérage, ils posaient quelques problèmes majeurs :
- Un rendu couleur médiocre.
- Une direction inadaptée
- Une intensité insuffisante.
Autre contrainte majeure : le reste du club devait pouvoir faire son entraînement, et l’autre moitié du terrain étant occupée par d’autres clubs, nous ne pouvions pas éteindre l’ensemble du stade. Nous avons donc coupé un seul projecteur pour recréer un espace de tournage exploitable.
Notre setup lumière comprenait :
- 1 ARRI Orbiter avec nez optique en contre.
- 1 SkyPanel S60 pour du léger fill.
- 1 Aputure CS15 et 1200x dans une toile 2.40m Full Grid Cloth pour le key.
- 1 1200D en latéral au cas où,
- Alimentation via Wattman et des EcoFlow.

Premières impressions sur les Ensō
Tous les plans ont été tournés à T2.8 , sans filtration, à l’exception du ND interne. Nous avons pu utiliser chaque focale de la série : 18, 24, 32, 47, 75 et 105 mm.
Les Ensō se distinguent immédiatement par leur compacité et leur légèreté, avec une taille uniforme qui facilite les changements d’optique. Un atout majeur dans notre cas, où nous devions enchaîner très rapidement les prises en fonction de la disponibilité des joueurs.
Sur le retour vidéo, ce qui frappe immédiatement, c’est la douceur du rendu. Malgré un key light pas toujours doux, les optiques restituent un contraste subtil et flatteur. Cette notion de douceur n’est pas influencée par un bokeh proéminent puisque la majorité des arrière-plans sont noirs. J’ai remarqué que l’image était très correcte et identique sur toute la diagonale. Même dans des cadres où l’action se passe dans un coin, on arrive à avoir le même piqué ou du moins un piqué analogue. Je pense que sur un capteur full frame, le fall-off mis en avant par ARRI sera plus mis en évidence, mais dans mon cas, cela ne saute pas aux yeux.
L’une des surprises les plus marquantes de ce test a été la capacité des Ensō à réaliser des plans très rapprochés, quasi macro, sans recourir à des dioptries. Leur rapport de grossissement 1:4 permet un close focus impressionnant, tout cela sans effet de pompage lors des bascules de point.

Les Ensō Vintage Elements (EVE)
J’ai décidé d’utiliser uniquement les éléments positifs, compte tenu des conditions, notamment :
- Le 200P avec le 105mm.
- Le 350P avec le 24mm.
Le rendu est totalement transformé, avec un glow subtil et un effet tourbillonnant de douceur qui enveloppe l’image, sans affecter drastiquement le piqué central. Cela m’a rappelé l’effet des optiques vintage Canon Rangefinder à pleine ouverture ou des Zeiss Go Mk1, mais en plus subtil, surtout avec le 18mm.

Les optiques Ensō représentent une avancée intéressante et polyvalente dans l’offre ARRI. Leur combinaison de compacité, douceur et homogénéité en fait un outil efficace dans des conditions exigeantes.
Dans ce projet où les contraintes étaient nombreuses, elles m’ont permis de m’adapter sans difficulté.
Ce que je décris ci-dessus reste qu’une sensation, un ressenti personnel, puisque je n’ai pas vu les images dans une véritable salle de projection. Cependant, notre métier reposant en partie sur des sensations, les miennes sont très bonnes concernant ces optiques. Nul doute qu’ils séduiront beaucoup de collègues opérateurs.
Je reste toutefois curieux de voir comment elles se comportent sur un capteur full frame, dans des conditions plus optimales pour évaluer le bokeh, le piqué et la gestion du flare.
Remerciements
Un grand merci à :
- ARRI France pour cette belle opportunité .
- Les joueurs et joueuses du club de rugby de Clignancourt.
- Full Motion et RVZ pour le matériel.
- COMPANY 3 pour l’étalonnage des rushs
- Toute l’équipe ayant participé à ce projet

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