À travers une collection de portraits questions/réponses, l’Union présente les membres de l’association. Aujourd’hui, Arthur Bourdaud et Anne-Charlotte Henry.

Ce numéro d’En Aparté est un peu particulier puisque il s’agit du double portrait, celui d’Arthur et Anne-Charlotte, un duo chef opérateur/chef opératrice connu à l’Union sous le nom de Henry Bourdaud.
Anne-Charlotte et Arthur se sont rencontrés dans la même école de cinéma puis ont travaillé conjointement à l’image sur leur film de fin d’étude, l’envie de travailler ensemble est partie de là. Après leurs années de formation, les réalisateurs avec qui ils avaient partagé leurs études ont commencé à faire appel à eux.

Arthur : La politique de l’école était de partager les responsabilités sur le film de fin d’étude, car lorsqu’on fait notre film de fin d’étude, on n’est pas forcément au taquet sur tout quand on cumule les responsabilités. On s’est rendu compte qu’on était meilleurs à deux que tout seul.
Lors de nos premières expériences en tant qu’assistants, je me disais souvent que le chef op aurait été meilleur s’il était « à deux »! J’avais le sentiment qu’il sacrifiait la lumière ou le cadre. À deux, on sentait qu’on serait plus efficace : on se répartit la pression, on est plus souple… Ça nous a conforté dans l’idée qu’il y avait peut-être quelque chose à essayer.

Anne-Charlotte : Après il faut trouver le bon duo, ce serait horrible de forcer les gens ! Nous on avait les mêmes goûts, donc ça s’est fait naturellement.

Quand et comment vous êtes-vous intéressé à la prise de vues ?

A : Ma famille ne fréquentait pas les cinémas et n’avait pas vraiment de culture artistique. Je suis arrivé à la vidéo par le skateboard : j’ai adoré filmer le skate, c’était du cinéma sportif mais il y avait des séquences, des plans vraiment fous et c’est ce qui a déclenché ma passion artistique pour l’image. Je suis allé à l’école pour me professionnaliser et devenir cadreur/monteur, prolonger ma passion en maîtrisant mieux techniquement. J’étais déjà à la limite d’être un « filmeur » professionnel et j’y allais pour devenir réalisateur indépendant.
Par ailleurs j’ai fait du basket pendant 15 ans et arrivé à l’école, j’y ai trouvé ce côté collectif du cinéma que j’adorais dans le basket. J’ai instantanément oublié ce que je voulais faire à la base et je me suis dit que je voulais faire de l’image avec une équipe plutôt que de faire ça tout seul.

A-C : Moi je viens de la photo : j’ai connu l’image avec la photo, depuis toute jeune. Je n’étais pas cinéphile, dans ma famille on n’était pas branché « films », j’ai vraiment découvert la prise de vue et le travail de l’image cinématographique avec l’école. Les seuls films qui m’aient vraiment marquée jeune, ce sont les grandes sagas comme Harry Potter…

« L’héritage » réalisé par Pierre-Alexandre Chauvat – production Mist Films

Quels films vous ont particulièrement marqué visuellement, au point de vous intéresser spécifiquement au travail de l’image ?

A : Une fois que j’ai découvert que je voulais faire du cinéma, je me suis mis à aller voir beaucoup de films, pour apprendre, en parallèle de l’école. J’ai vu beaucoup de choses : j’y allais pour voir ce qui me plaisait et ce qui ne me plaisait pas. Un film m’a beaucoup marqué: « Cheval de Guerre « de Steven Spielberg (image : Janusz Kamiński) parce que c’est un éclairage très marqué et là j’ai vu la lumière! J’ai vraiment compris l’impact du chef opérateur sur l’image et sur le film.

A-C : Je n’ai pas de référence marquante avant l’école, puis j’ai vu deux films pour lesquels il y a un avant et un après : « Cléo de 5 à 7 »  d’Agnès Varda (image : Jean Rabier) et « Portraits de femme », de Jane Campion (image : Stuart Dryburgh). Quand je les ai vus, j’ai mis du temps à m’en remettre : j’y ai vu des plans où je me suis dit « Whaou on peut faire ça?! », donc ce sont des grandes références pour moi. Et les films de Raymond Depardon, « Paris » notamment. Quand j’ai vu ses films j’y ai retrouvé ce que j’aimais dans ses photographies (le cadre!).

Quelle a été votre formation initiale ?

A : Nous avons fait CinéCréatis à Nantes, sur 3 ans, puis nous avons commencé à travailler comme assistants, très rarement ensemble, durant 4-5 ans.

A-C : J’ai été assez vite 1ère assistante caméra avec bcp de responsabilité sur des séries et des longs-métrages. J’aimais beaucoup être assistante caméra, j’adore faire le point et à ce poste on est au plus proche de la caméra et des acteurs, par contre toute l’organisation autour était un peu trop pesante pour moi.

A : Moi j’ai un peu travaillé comme assistant, parce que c’est ce qu’on nous disait qu’on devait faire, et je voyais mal comment être chef opérateur tout de suite… J’ai commencé par un très gros film en tant que 3e assistant caméra, qui s’est mal passé, et ça m’a bien, calmé. Je me suis rendu compte que j’étais pas très bon en tant qu’assistant : en fait je passais mon temps à regarder travailler le chef op, à regarder comment il faisait la lumière. Je ne regrette pas ces expériences, qui  m’ont surtout permis d’apprendre beaucoup de choses à propos du métier de chef op… Cela m’a aussi permis de me dire que je ne serai pas assistant et qu’il allait falloir que je fasse rapidement ce que j’aime vraiment!

Sur le tournage de « Minori » réalisé par François Descraques – Périple Production (Paris) / Assemblage (Tokyo)

Sur quels types de films avez-vous travaillé et quel serait le meilleur prochain projet ?

A-C : On a fait essentiellement de la fiction courte.

A : Au moment où on est sorti de l’école, c’est le moment ou la diffusion sur internet explosait, il y avait une économie qui allait se créer… On a fait notre stage de fin d’étude sur le Visiteur du futur, la saison 4, une websérie réalisée par François Descraques (image : Alexandre O’Toole). On était tous les deux stagiaires à l’image, Anne-Charlotte à la caméra et moi à la lumière. C’était l’été où allait se créer Studio Bagel et Golden Moustache!
Ça nous a vraiment permis aussi de connaître deux monde parallèles: on a connu le cinéma et le circuit classique et on a connu les films pour le web. C’est une économie différente qui nous a beaucoup plu, il y avait moins d’argent mais il y avait quand même moyen de créer des choses.

A-C : Il y avait étrangement une sensation de plus de liberté…

A : On se disait aussi que les choses étaient plus accessible: si on veut être chef op, l’évolution est carrément plus rapide sur ces projets là, on peut très vite arriver à  faire des images même si on a moins de budget et c’est vrai que du coup cela a rendu notre transition plus rapide. On connaissait ce milieu là et du coup, on a pu finalement arriver à faire beaucoup de fictions courtes pour les plateformes, finalement assez bien financées, avec des budgets assez importants pour Internet.
Dans ce contexte, on a eu cette chance énorme de pouvoir faire du court, mais du court dans une économie avec des réelles attentes, avec un vrai public derrière : on a fait deux courts pour la chaîne de Cyprien et en fait il y avait 7 ou 8 millions de vues derrière! Et c’est ce qu’on voulait faire : des images vues par un public car quand tu fais du court, c’est pas vraiment toujours le cas, ce qui est hyper frustrant!

A-C : L’idéal c’est de pouvoir faire un mix…

A : On a bataillé pour faire les deux donc aujourd’hui c’est majoritairement de la fiction courte cinéma et YouTube, un peu de publicité, et notre meilleur prochain projet, c’est de la fiction longue.

A-C : On a la chance de faire des projets différents, avec des configs différentes, donc on ne cherche pas un genre particulier, c’est plus le format de la fiction longue qui nous intéresse.

A : On s’est rendus compte qu’un tournage sur la durée est plus agréable en termes de construction de l’image par rapport à la narration, plutôt que de faire ça en 5-6 jours…

Comment avez-vous décidé de vous présenter ensemble, comme un duo de directeurs de la photographie ?

A-C : Ça s’est fait naturellement… On a fait une bande démo ensemble, les premiers réalisateurs nous connaissaient de l’école, on avait fait quelques films fauchés, puis lorsque ces réalisateurs ont trouvé des producteurs, ils ont voulu continuer avec nous et ça s’est fait comme ça. Cette figure du duo c’est malgré nous, ça marchait bien, on s’entendait bien et ça continue…

A : On a toujours démarché en se présentant à deux mais le bouche-à-oreille c’est ce qui a le mieux marché, parce que forcément il y a un a priori! Alors que quand les gens nous connaissent ou connaissent des gens qui nous connaissent et qui savent comment on travaille, ça marche beaucoup mieux.

« PD » réalisé par Olivier Lallart – production Les Faquins

Comment vous répartissez-vous le travail en préparation et sur le plateau ?

A-C : On fait tous les projets, toutes les prépas, toutes les réunions, tous les repérages, toutes les postprods, tout à deux et sur le plateau, c’est là où on divise le plus. Il y en a un avec caméra, machinerie, déco et surtout les acteurs, et l’autre est un peu plus en retrait mais toujours proche du plateau avec les réals, les scriptes, qui a un regard plus général sur la lumière, qui n’est pas à l’oeilleton, plus au combo…

A : On s’est rendu compte qu’il y avait deux espaces différents entre le combo et la face… Le réal, ou la scripte, parle de trucs qui n’arrivent pas forcément au plateau, donc en étant finalement et au plateau et au combo, à la fin de la prise on peut communiquer entre nous, créer un lien entre ces deux endroits, ce qui facilite la circulation entre les idées des uns et des autres.

A-C : On a toujours fonctionné comme ça : moi je suis d’avantage à la caméra, j’aime beaucoup le contact avec les comédiens.

A : C’est là où on s’est retrouvé : Anne-Charlotte est très bonne au cadre et moi je suis un peu meilleur sur la lumière… On a vraiment une complémentarité avec chacun nos qualités.

A-C : Sur le plateau ça fait très « un cadreur et un directeur photo », mais en même temps je sais très bien quel est le setup lumière puisque je l’ai choisi et ça me permet de choisir les cadres et les placements de comédiens en connaissance de cause. Cela n’empêche évidemment pas que je puisse communiquer directement avec les électros, et de même il arrive qu’Arthur passe au cadre pour un plan ou un autre.

A : Pour les cascades! On a notre système général et après il y a du cas par cas bien sûr… Là par exemple, on va avoir un tournage en plan séquence où on doit se passer la caméra, donc ça nous aide bien d’être à deux pour pouvoir faire ce genre de choses.

Vous arrive-t-il de travailler avec quelqu’un d’autre au cadre ?

A : À part au Steadicam, non. Quand nous étions assistants, on a déjà entendu des chefs-ops dire: « Ah! c’est dommage qu’on n’ait pas un cadreur » (généralement sur des gros films)… C’est là qu’on est content d’être en duo.

A-C : Ou « J’ai pas quatre mains! »… Après chaque film, on se dit « Heureusement qu’on est deux »! Ça c’est une phrase qu’on se dit très souvent…

A : Le fait qu’on soit deux, cela permet aussi d’aller plus loin dans la direction artistique, on peut se permettre d’avoir ce temps en prépa, de pousser sur la déco, de pousser sur les costumes…

Et comment tranchez-vous les choix techniques ?

A : On s’est éduqué sur le cinéma quasiment ensemble, car on avait peu de culture avant et nous avons ce tronc commun qui fait qu’on a à peu près le même parcours… Les choix se font donc très facilement, sans trop de questionnements.

« Minori » réalisé par François Descraques – Périple Production (Paris) / Assemblage (Tokyo)

Est-ce qu’il vous arrive d’avoir des moments de distorsion dans le travail, comme au sein de tout couple ?

A : Si ça arrive, ce sera toujours en prépa, jamais sur le tournage. En prépa, on réfléchit beaucoup, on lance des idées… Il peut y avoir des désaccords mais au moment où on se présente en réunion, où on va sur le tournage, on s’est déjà mis d’accord sur quelque chose. On a le temps d’y réfléchir, peser le pour et le contre et arriver avec les idées claires.

A-C : Même en prépa c’est une discussion, il n’y a pas de désaccords profonds et c’est ça qui renforce le projet. La préparation reste essentielle… Notre binôme n’a rien d’incroyable en fait!

A : Oui, on n’a pas inventé quelque chose… Aujourd’hui il y a rarement un cadreur en plus du chef opérateur mais c’est cet esprit qu’on essaie de faire revivre. Si on compare avec les films anglo-saxons, qui sont plus chiadés en direction artistique, c’est parce que le chef op ne cadre pas forcément.
Par ailleurs, j’assume de ne pas bien cadrer par rapport à Anne-Charlotte et globalement on se dit: « Faisons les choses le mieux possible avec les gens qui le font le mieux » (et c’est une bonne chose pour l’ego!). On essaie d’imposer un système avec un cadreur, peut-être de manière un peu déguisée, pour qu’il n’y ait pas le choix: il faut qu’il y ait tout le temps quelqu’un à la lumière et tout le temps quelqu’un au cadre.

Est-ce qu’il vous arrive de travailler sur des projets l’un sans l’autre ou est-ce que vous travaillez systématiquement en duo ?

A-C : En tant que chef op, en fiction ou en pub, nous travaillons systématiquement en duo mais il nous arrive de faire du cadre sur d’autres tournages, pour de la mode ou des interviews.

A : D’ailleurs, quand on nous appelle pour ces projets-là, on nous demande si l’un ou l’autre est libre!

Quelles sont vos sources d’inspiration artistiques ?

A-C : Moi j’ai appris le cadre avec les images et les photos de Depardon… Grâce à son œuvre. Sinon on se nourrit du cinéma, de tout film… Dans notre enfance on a vu peu de film, mais maintenant on regarde tout.

A : L’architecture et la décoration prennent de plus en plus de place dans ce qui nos sources d’inspiration.

A-C : On adore chercher des décors, proposer des décors…

A : On ne fait pas une belle image sans un beau décor, donc cela nécessite de s’y intéresser.

Vous souvenez-vous de gaffes regrettables, mais instructives au final ?

A : Moi c’est surtout des gaffes comme assistant, des petites bricoles qui m’ont poussé à passer à autre chose.

A-C : Moi c’est de l’inexpérience surtout, pas vraiment des gaffes, et aussi manquer de confiance en soi pour assumer ses choix… Maintenant, on s’impose davantage !

A : C’est sûrement le fait qu’on soit d’une génération où les tournages se font en numérique et du coup il y a des choses qui sont facilitées, protégées. Le numérique permet de savoir si tu fais de la merde ou pas… Nous on n’a pas connu le temps de la pellicule, donc on n’a pas l’anecdote de la pellicule voilée !

« La Science de l’Amour » réalisé par Timothée Hochet – Périple Production

Avez-vous connu des moments de doute sur votre travail ou votre milieu professionnel ?

A : Un truc qui nous questionne, c’est forcément le duo, parce que des fois on se demande si ça va marcher, si c’est viable… Des fois on se dit que ça peut faire peur.
On a évidemment des moments de doute par rapport au travail… C’est cyclique, des fois on travaille moins, des fois plus, et c’est à ces moments là que tu doutes.

A-C : On se pose tout le temps cette question mais on continue de travailler donc tout va bien, on sait que c’est notre force! J’ai l’impression que le doute ça fait partie du métier…

A : Le fait d’être deux ça permet de se remonter le moral. Par rapport au milieu professionnel, on évite les gens pas sympa! On peut avoir tendance à faire des projets qui sur le papier ont pas l’air forcément vendeurs ou prometteurs, mais on peut les privilégier parce que ça se fait avec gens hypers sympas. Même s’il y a peut-être moins d’argent, l’humain a une vraie valeur dans nos choix.

A-C : On a eu la chance d’avancer avec des copains, qu’on a rencontré tôt et qui sont encore là. Mais globalement dans les rencontres, tu le sens aussi rapidement qu’humainement ça va pas le faire… Même s’il y a de la pression, on fait du cinema, c’est une chance et il faut savoir garder cette émulation du travail en équipe.
À propos du doute quant à notre milieu professionnel, notre questionnement serait sur la visibilité des fictions courtes… Le court-métrage mérite vraiment une meilleure visibilité.
Après, notre combat c’est ce qu’on fait presque tous les jours: instaurer ce duo homme/femme et cela a son importance. On aime bien dire qu’on est 50/50, et c’est déjà pas mal!

A : Cela influence aussi un peu nos choix de l’équipe avec laquelle on travaille, équipe souvent majoritairement féminine ou alors 50/50, avec des femmes en cheffes de poste. Mais c’est surtout nos choix d’aller vers des gens sympa et compétents qui prime.

A-C : C’est surement générationnel mais nous on le ressent beaucoup sur nos tournage, cette idée d’avoir des équipes paritaires…

A : On verra si cela se perpétue avec le temps et sur des projets de grande envergure, mais c’est aussi notre bataille.

Avez-vous souvenir de la mise en place d’un dispositif de prise de vues particulièrement original ?

A-C: C’était une installe lumière, il fallait une lumière qui bouge de manière circulaire…

A: Comme dans l’Enfer, de Henri-Georges Clouzot… On a fait construire par un ami un système à base de moulinet de pêche et de roue de vélo! En fait c’était une roue de vélo avec un trou au milieu pour positionner la caméra, et pour faire tourner la roue, tout le fil de pêche du moulinet était enroulé sur la jante. Tu tires le moulinet, ça fait tourner la roue de manière hyper régulière, roue sur laquelle sont positionnés des petits projecteurs. Ça peut tenir assez longtemps, tu as un mec qui mouline pendant 2-3 minutes!
C’était assez artisanal mais le résultat était impeccable.

« Choulequec » réalisé par Benoit Blanc et Matthias Girbig – Oups production

Avez-vous déjà souhaité passer à la réalisation ?

A : Non, pour l’instant nous n’avons jamais souhaité passer à la réalisation car nous sommes quand même au début de notre « carrière » donc nous sommes loin d’avoir fait le tour de ce métier. Il y a encore tellement de choses que l’on aimerait essayer, apprendre et découvrir que nous ne sommes pas près d’avoir envie de passer à autre chose ! Et puis surtout on aime beaucoup notre métier…

A-C : Nous aimons également beaucoup notre place sur le plateau qui est vraiment à la jonction entre l’artistique et la technique, la mise en scène, les comédiens/comédiennes etc…

Qu’est-ce que vous aimez et qu’est-ce que vous n’aimez pas dans votre métier ?

A : Ce qu’on aime c’est voyager dans des endroits où on ne serait jamais allés sans notre métier, rencontrer des gens, être en équipe. Faire un métier passion d’une manière générale, on se rend bien compte qu’on a de la chance… Et aussi pouvoir travailler sous le régime de l’intermittence, en France on est vraiment privilégié par rapport au monde entier !

A-C : S’amuser, et en vivre ! Et par contre, ce qu’on aime pas c’est la concurrence du métier de chef-opérateur… On se retrouve parfois à devoir faire des castings d’opérateurs – c’est le jeu mais c’est pas très agréable.
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ernier truc, c’est l’étiquette « école »: nous on vient pas de Louis Lumière et de la Femis, ce qui peut être étrangement rester déterminant dans le choix d’un chef opérateur sur un projet, et même avec le temps, ça se ressent encore.

A : Je pense que ça se ressent d’autant plus par rapport à notre génération, parce que maintenant quand tu sors de Louis Lumière ou de la Femis, tu es vraiment chef opérateur et tu fais beaucoup de courts, financés etc.
Aujourd’hui l’âge moyen du chef op se réduit: il fait des projets de plus en plus jeune et du coup on se rend compte que tu vas beaucoup plus galérer avant d’arriver à un même projet si tu ne viens pas de Louis Lumière ou de la Femis… On l’a souvent vraiment ressenti comme un désavantage. Ce mur auquel on se confrontait sur la fiction classique, c’est ce qui nous a réellement poussé vers les fictions YouTube.

A-C : On répondait pas à tous les critères… Ça reste ancré: si le chef op vient de Louis Lumière ou de la Femis, c’est tout bon. Même si ces écoles sont très bien, c’est dommage pour celles et ceux qui recrutent de ne marcher que comme ça.

A : Pour moi ça n’aide pas la diversité du cinéma… Louis Lumière ou la Femis, c’est pas forcément toujours une diversité sociale, culturelle.

« Les Cheveux Longs » réalisé par Sophie Muller – production Marty

Quel conseil donneriez-vous à un ou une aspirant/aspirante chef opérateur ?

A : Patience et persévérance.

A-C : Et optimisme! Y croire, même si c’est pas facile… Faut batailler.

A : Faut juste tenir…

Henry Bourdaud sur le site de l’Union des chefs-opérateurs